Dans le silence des laboratoires et sous le radar médiatique, le Pentagone orchestre une petite révolution : le retour du nucléaire sous une forme inédite. Exit les centrales géantes, place aux micro-réacteurs portables, capables d’alimenter des bases isolées sans dépendre du réseau électrique.

Moins puissants que des les SMR (Small Modular Reactor) avec une capacité de production d'énergie de moins de 50 MW mais offrant plus de flexibilité et un encombrement réduit pour une installation rapide sur site, les micro-réacteurs nucléaires font partie des priorités de l'administration Trump.

Un pari audacieux, qui mêle haute technologie, enjeux stratégiques et promesses d’autonomie. Les premiers prototypes sont déjà testés, et l’armée américaine ne cache pas ses ambitions : sécuriser ses opérations, réduire sa dépendance logistique et ouvrir la voie à une nouvelle génération d’infrastructures énergétiques.

Des réacteurs sur roues : la nouvelle arme énergétique

Imaginez une unité nucléaire compacte, transportable sur une simple remorque et capable de fournir plusieurs mégawatts d’électricité n’importe où, n’importe quand.

C’est exactement le concept des micro-réacteurs en cours de développement. Le projet, baptisé « Project Pele », vise à doter l’armée américaine d’une source d’énergie autonome, fiable et rapide à déployer.

Les premiers essais, menés dans des installations ultra-sécurisées, laissent entrevoir un futur où les bases militaires s’affranchissent des réseaux vulnérables et des convois de carburant. Pour ceux qui souhaitent plonger dans l’univers des micro-réacteurs, la technologie promet de bouleverser la donne.

Un enjeu stratégique et environnemental

Pourquoi ce retour du nucléaire ? Les conflits récents ont mis en lumière la fragilité des chaînes d’approvisionnement en énergie, surtout en zones hostiles. Les micro-réacteurs nucléaires offrent une solution : produire sur place une électricité stable (au contraire des énergies renouvelables discontinues que sont le solaire et l'éolien), sans dépendre du diesel ni risquer des coupures.

Mieux : ces systèmes limitent les émissions de CO2 et réduisent la logistique lourde. Le Département de l’Énergie américain (DoE), associé au Pentagone, multiplie les tests grandeur nature, notamment sur le site du DOME Test Bed (Demonstration of Microreactor Experiments).

SMR eVinci Westinghouse

Micro-réacteur nucléaire eVinci de Westinghouse

L’objectif ? Valider la sécurité, la robustesse et la simplicité d’utilisation de ces mini-centrales. Le DoE a donné son feu vert pour un test sur deux types de micro-réacteurs :

  • eVinci de Westinghouse capable de fournir 5 MW d'énergie
  • Kaleidos de la firme Radiant, délivrant 1,2 MW d'énergie et transportable

Ils seront déployés sur le site du DOME en au sein de l'Idaho National Laboratory (INL) pour une expérimentation de fonctionnement et d'évaluation devant durer six mois.

Le site d'essai du DOME est en cours de construction et sera prêt début 2026. Un nouvel appel à projets autour des micro-réacteurs nucléaires sera ensuite relancé à l'été 2026.

Des défis techniques, mais un potentiel énorme

Tout n’est pas gagné pour autant. La miniaturisation du nucléaire pose des questions de sécurité, de gestion des déchets et d’acceptabilité. Les ingénieurs planchent sur des modèles hermétiques, conçus pour fonctionner sans intervention humaine directe et résister aux pires scénarios.

Radiant Kaleidos micro reacteur nucleaire 02

Le micro-réacteur Kaleidos de Radiant peut être acheminé
directement sur site via un semi-remorque

Les premiers prototypes affichent des autonomies de plusieurs années, sans ravitaillement. Si la technologie séduit le secteur militaire, elle pourrait aussi intéresser les régions isolées, les secours d’urgence ou les expéditions scientifiques.

Le nucléaire revient en force dans les projets tech et militaires. Les géants de l'IA rivialisent de contrats pour s'approvisionner en énergie nucléaire, seule capable d'apporter les quantités d'énergie nécessaires aux infrastructures géantes tout en offrant un certain niveau de fiabilité d'accès et de décarbonation.