Microsoft officialise la création de la MAI Superintelligence Team sous la direction de Mustafa Suleyman, le responsable IA de la firme de Redmond. L'objectif est de développer une Superintelligence Humaniste (HSI), une IA avancée mais contrôlable, axée sur des applications concrètes comme le diagnostic médical.
Ce mouvement stratégique intervient après la renégociation des accords de Microsoft avec OpenAI. Une nouvelle division est donc formée pour atteindre la superintelligence, ce concept d'IA dépassant l'entendement humain. Mais Microsoft y ajoute une nuance cruciale : cette superintelligence se devra d'être "humaniste".
Le tournant stratégique post-OpenAI
Cette annonce n'est pas une surprise, mais elle marque un tournant majeur. Pendant longtemps, l'accord historique liant Microsoft à OpenAI empêchait contractuellement la firme de développer ses propres recherches fondamentales vers l'AGI (Intelligence Artificielle Générale).
Comme l'a expliqué Mustafa Suleyman, cette limitation était significative pour une entreprise de cette envergure. Maintenant que le partenariat a été renégocié (prolongé jusqu'en 2030), Microsoft a les mains libres.
L'entreprise peut désormais poursuivre sa propre "autosuffisance" en matière d'IA tout en conservant un accès privilégié aux modèles d'OpenAI.
Qu'est-ce que la "Superintelligence Humaniste" ?
Le qualification humaniste n'est pas anodine. Elle est choisie pour contraster avec les objectifs parfois flous de ses rivaux. Suleyman, qui a rejoint Microsoft après son passage chez Inflection AI, insiste sur la sécurité et le contrôle.
Il définit la HSI comme des capacités incroyablement avancées, mais qui "travaillent toujours pour, et au service, des gens et de l'humanité".
Cette approche vise à répondre à une double problématique : le risque existentiel et le défi commercial. L'imprévisibilité des modèles actuels, si elle fait leur puissance, freine leur adoption dans des applications critiques.
Les clients de Microsoft ne demandent pas une superintelligence incontrôlable ; ils veulent une fiabilité surhumaine. L'objectif est de garder "l'humain au sommet de la chaîne alimentaire".
Des objectifs concrets, le diagnostic médical en ligne de mire
Contrairement à la quête d'une AGI "généraliste infinie", Microsoft veut se concentrer sur des problèmes définis. Mustafa Suleyman, cofondateur de DeepMind, cite des exemples comme le stockage d'énergie ou la découverte de nouvelles molécules. Mais le premier grand objectif sera médical.
En terme d'image, difficile d'être contre un système potentiellement supérieur aux humains et qui pourrait faire avancer la recherche médicale ou les diagnostics de façon significative.
Suleyman a affirmé avoir une "visibilité sur une superintelligence médicale dans les deux à trois prochaines années". L'ambition est de détecter les maladies évitables bien plus tôt pour augmenter l'espérance de vie. Pour mener cette équipe, il sera épaulé par Karén Simonyan, nommé scientifique en chef.
Bien que Suleyman rejette la rhétorique de la "course" à l'IA, Microsoft rejoint officiellement le peloton de tête aux côtés de Meta, Google, Anthropic et Safe Superintelligence d'Ilya Sutskever.
Le véritable défi sera de prouver que son approche "humaniste", potentiellement plus coûteuse, peut rivaliser en performance tout en garantissant la sécurité.