Attendu comme un titre majeur, MindsEye a fait une entrée pour le moins fracassante sur PlayStation 5, Xbox Series et PC ce 10 juin. Malheureusement pour le studio Build A Rocket Boy, pas pour les bonnes raisons. Les retours des joueurs dessinent le portrait d'un lancement chaotique, un tableau que l'industrie du jeu vidéo connaît bien. Sur la plateforme Steam, les évaluations peinent à dépasser le statut "mitigé", la faute à une accumulation de problèmes techniques qui rendent l'expérience pénible pour beaucoup. La liste des griefs est longue : performances à la peine même sur des configurations musclées, intelligence artificielle aux abonnés absents, plantages récurrents et une myriade de glitches venant gâcher l'immersion. Le malaise est palpable.
Sponsored MindsEye streamer can't keep it together when telling viewers where they can buy the game. pic.twitter.com/kdR3EuGims
— AmericanTruckSongs9 (@ethangach) June 11, 2025
Une débâcle technique qui fait fuir les joueurs
Le signe le plus alarmant de cette situation ? Des joueurs rapportent avoir réussi à obtenir des remboursements complets, y compris auprès de Sony, une firme pourtant connue pour sa politique de retour très stricte. Ce phénomène rappelle instantanément le lancement désastreux de Cyberpunk 2077 en 2020, qui avait poussé Sony à retirer le jeu du PlayStation Store. Rien n'indique pour l'instant que MindsEye subira un sort aussi funeste, mais la comparaison est loin d'être flatteuse. Les chiffres ne mentent pas : sur Steam, le pic de joueurs connectés simultanément plafonne à un peu plus de 3300. Un score bien faible qui, même s'il ne représente qu'une partie de l'audience, témoigne d'un démarrage pour le moins timide et d'une confiance déjà érodée. Une rumeur a même circulé, accusant le studio d'avoir volontairement placé de longues cinématiques au début du jeu pour dépasser les deux heures de jeu fatidiques, empêchant ainsi les demandes de remboursement sur Steam. Une analyse des premières heures de jeu disponibles en ligne semble plutôt pointer vers un simple problème de rythme, mais l'existence même de cette rumeur en dit long sur le climat de défiance.
Même les streamers payés pour y jouer abandonnent
L'affaire prend une tournure encore plus embarrassante lorsque l'on se penche sur la stratégie marketing. Plusieurs streamers, payés pour promouvoir le jeu, ont vu leurs opérations annulées à la dernière minute par le sponsor lui-même. Le célèbre CohhCarnage a partagé sa mésaventure en direct, expliquant sa surprise : "Pour la première fois de ma carrière de streamer, [...] au moment où le jeu se chargeait, mon management m'a contacté pour me dire : 'Le sponsor ne veut pas faire ça maintenant, ils aimeraient reprogrammer.' [...] Honnêtement, il semble que pour MindsEye, c'était la bonne décision." Un autre streamer, DarkViperAU, n'a carrément pas pu s'empêcher de fondre en larmes de rire au moment de partager le lien d'achat à la fin de son stream sponsorisé. Difficile d'imaginer pire publicité pour un jeu vidéo fraîchement sorti.
PlayStation is allowing refunds for MindsEye https://t.co/zzaHbNt3ET pic.twitter.com/KclpMTwSJi
— Wario64 (@Wario64) June 12, 2025
Le mea culpa du studio et la course contre la montre
Face à ce chaos, Build A Rocket Boy a rapidement réagi via un communiqué sur son serveur Discord, adoptant un ton contrit. "Nous avons le cœur brisé que chaque joueur n'ait pas pu profiter du jeu comme nous l'avions prévu", a déclaré le studio. La source principale de la plupart des plantages aurait été identifiée : une fuite de mémoire qui impacterait environ un joueur sur dix. Un correctif est en cours de développement et devrait être déployé rapidement sur PC, puis sur consoles après certification. Le studio promet des améliorations de performance, un rééquilibrage de la difficulté, des corrections d'animations et de l'IA d'ici la fin du mois de juin. Cette transparence est nécessaire, d'autant que le contexte pré-lancement était déjà étrange, entre des départs de cadres et le choix de ne fournir aucune copie de test à la presse spécialisée. Un aveu de faiblesse ?
Quel avenir pour MindsEye ?
La question est désormais sur toutes les lèvres : le studio peut-il renverser la vapeur ? La comparaison avec Cyberpunk 2077 trouve ici ses limites. À l'époque, le studio CD Projekt Red bénéficiait de l'aura immense de son succès planétaire, The Witcher 3, ce qui lui a accordé un certain crédit auprès des joueurs. Build A Rocket Boy, à l'inverse, signe ici son tout premier jeu. Sans succès antérieur auquel se raccrocher, la pente s'annonce rude. Le précédent de Concord, un autre jeu service rapidement retiré de la vente par Sony avant la fermeture de son studio, plane comme un spectre. Le chemin vers la rédemption sera long et semé d'embûches, et le studio devra travailler d'arrache-pied pour corriger les bugs et regagner la confiance d'une communauté échaudée. Le pari est donc loin d'être gagné.