Le ministère des Armées confirme le succès du second tir d’évaluation du missile nucléaire ASMPA-R, lancé par un Rafale Marine. Cette étape décisive achève la modernisation de la composante aéroportée de la dissuasion française, assurant sa crédibilité face aux nouvelles menaces jusqu'à l'arrivée de son successeur, l'ASN4G, prévu pour 2035.

La dissuasion nucléaire française a franchi un nouveau cap. Le 13 novembre 2025, un Rafale Marine a réalisé avec succès le deuxième tir d’évaluation du missile air-sol moyenne portée amélioré rénové, mieux connu sous l'acronyme ASMPA-R.

Dépourvu de sa charge militaire, le missile a été tiré au terme d'un vol simulant un raid nucléaire complet dans des conditions réalistes, dans le cadre de l’opération Diomède.

Cet essai, supervisé par la Direction générale de l’armement (DGA) sur son site d’essais des Landes, valide la mise en service opérationnelle du missile au sein de la Force aéronavale nucléaire (FANu), complétant ainsi le cycle de modernisation de la composante aéroportée.

Un pilier technologique au cœur de la stratégie française

L'ASMPA-R constitue l'un des deux piliers de la dissuasion tricolore, aux côtés des missiles balistiques M51.3 embarqués sur les sous-marins. Conçu par MBDA, cet engin de plus de 800 kg pour environ cinq mètres de long est propulsé par un statoréacteur.

Cette technologie de rupture lui permet d'atteindre des vitesses supersoniques approchant Mach 3 (près de 3 700 km/h), lui conférant une capacité de pénétration exceptionnelle face aux défenses anti-missiles les plus sophistiquées.

Sa tête nucléaire aéroportée (TNA) est quant à elle développée par le CEA, garantissant une maîtrise souveraine de l'ensemble de la chaîne capacitaire.

Une rénovation indispensable face à l'évolution des menaces

Lancé en 2016 par la Direction générale de l’armement (DGA), le programme de rénovation de l'ASMPA répondait à un double enjeu : rajeunir la version précédente, en service depuis 2009, et surtout, renforcer ses performances pour garantir sa crédibilité à long terme.

La modernisation de l'arsenal est une course de fond où chaque avancée dans les systèmes de défense adverse doit être anticipée. Ce tir réussi parachève donc une manœuvre capacitaire cruciale, prévue par la Loi de programmation militaire (LPM) 2024-2030, et assure que la composante aéroportée, qu'elle soit opérée par l'Armée de l'Air et de l'Espace ou par la Marine Nationale depuis un porte-avions, reste un outil de dissuasion robuste et flexible.

Un signal stratégique dans un contexte international durci

L'atmosphère sur le front nucléaire s'est considérablement alourdie ces dernières années, avec la multiplication des discours agressifs et la modernisation accélérée des arsenaux des grandes puissances.

En consolidant sa dissuasion nucléaire, la France ne fait pas que mettre à jour un système d'arme ; elle réaffirme son autonomie stratégique et envoie un message clair sur sa détermination à protéger ses intérêts vitaux.

Le contexte géopolitique impose de ne jamais lâcher du lest sur cet ultime garant de souveraineté. La prochaine étape est déjà en ligne de mire : le développement du missile de 4e génération, l'ASN4G, qui prendra le relais à l'horizon 2035 pour équiper le futur avion de combat du programme SCAF.