L'année 2024 a commencé fort avec une première mission CLPS (Commercial Lunar Payload Services) qui laisse à des entreprises privées la possibilité de remplir des missions spatiales pour le compte de la NASA.

La mission Peregrine d'Astrobotic, outre le fait qu'elle a constitué le tir inaugural du lanceur lourd Vulcan Centaur d'ULA, devait ainsi poser un module sur la Lune et déployer des instruments scientifiques au mois de janvier. Si le décollage et la mise en orbite se sont bien déroulés, un problème technique est vite apparu avec la découverte d'une fuite d'hélium qui a fait exploser l'un des réservoirs de la sonde.

Déstabilisée et privée de cette ressource, il est vite apparu que la mission ne pourrait pas se poser sur la Lune. Elle a toutefois été maintenue autant que possible avec un tour de Lune tous instruments allumés pour collecter un maximum de données avant un retour dans l'atmosphère terrestre où le module s'est finalement désintégré.

Une valve défaillante mais beaucoup d'enseignements

Depuis, l'analyse des données de vol a permis de mieux comprendre ce qui s'est passé et un rapport d'expertise a été diffusé ce 27 août. Il confirme l'hypothèse principale d'un dysfonctionnement d'une valve de contrôle de pression en notant que ce simple défaut a compromis l'ensemble de la mission.

La valve, testée avec succès avant le lancement, a sans doute classiquement souffert des vibrations du décollage qui l'ont désaxée et compromis son étanchéité.

Astrobotic Peregrine

Peregrine dans son périple autour de la Lune à défaut de s'y poser

Des tests menés depuis avec une valve similaire ont montré le même comportement, avec une fuite détectée d'intensité comparable à celle qui a compromis la mission Peregrine.

Ce type de valve avait déjà connu un problème, ce qui avait conduit Astrobotic à changer de fournisseur. L'un de ces modèles de valve a fait l'objet d'une réparation mais un second exemplaire n'a pas été modifié car trop difficile d'accès au sein de l'infrastructure de l'alunisseur. Les tests de pré-lancement n'ayant pas montré de dysfonctionnements, elle a été laissée telle quelle.

Le rapport ne rejette pas la faute sur Astrobotic, estimant que cela fait partie de ces multiples décisions à risque qu'il faut prendre en fonction de nombreux paramètres et dans un délai contraint pour tenir le calendrier.

Un échec qui renforce les capacités du prochain alunisseur

L'échec partiel de la mission Peregrine (elle a tout de même été très riche d'enseignements et de données même si l'alunissage n'a pas pu être tenté) a conduit à des modifications du design de l'alunisseur Griffin de plus grande taille qui tentera sa chance l'an prochain dans le cadre d'une mission GM1 (Griffin Mission One).

Il disposera de systèmes supplémentaires de contrôle du flux d'hélium et de valves de secours pour éviter la même déconvenue. D'autres modifications ont été apportées en fonction des retours de la mission Peregrine qui a connu diverses autres anomalies mais qui ont pu être corrigées à distance, à l'inverse de la fuite de la valve.

La mission GM1 devait embarquer le rover d'exploration lunaire VIPER mais la NASA a annulé cette mission et Astrobotic cherche maintenant à remplir la capacité d'emport de son module en discutant avec plusieurs partenaires.

Source : Spacenews