Le constructeur chinois Moore Threads s'apprête à lever le voile sur sa nouvelle architecture de GPU lors de sa conférence MUSA.

Après une première génération en demi-teinte, cette annonce est cruciale pour l'entreprise qui ambitionne de concurrencer les géants du secteur, en misant d'abord sur l'IA et le calcul haute performance avant un potentiel retour sur le gaming.

Zhang Jianzhong, le fondateur et PDG de l'entreprise, a confirmé la tenue de la première MUSA Developer Conference à Pékin les 19 et 20 décembre. Cet événement sera le théâtre de la présentation d'une feuille de route complète, articulée autour de sa plateforme de calcul unifiée MUSA, et du lancement très attendu de cette nouvelle architecture matérielle.

Un premier essai qui a laissé sur sa faim

Pour comprendre l'enjeu, il faut revenir sur le lancement de la première génération. Avec sa carte MTT S80 sortie en 2022, Moore Threads avait de grandes ambitions.

C'était la première carte graphique grand public chinoise et la première à adopter l'interface PCIe 5.0 x16, embarquant 16 Go de GDDR6, et qui visait sur le papier les performances d'une GeForce RTX 3060.

Moore Threads GPU 03

Cependant, la réalité du terrain fut bien différente. Les premiers tests ont montré des performances souvent plus proches d'une GeForce GTX 1050 Ti, voire inférieures dans certains jeux.

Les principaux coupables étaient des pilotes logiciels immatures, un support limité des API graphiques et une liste de compatibilité de jeux très restreinte.

Le logiciel comme pilier de la reconquête

Conscient de ces lacunes, le constructeur a fourni des efforts considérables sur la partie logicielle. Une série de mises à jour majeures des pilotes a permis d'élargir le support de DirectX et d'améliorer drastiquement les performances dans certains titres, avec des gains se chiffrant parfois en pourcentages à deux ou trois chiffres.

La consommation énergétique, autre point noir avec plus de 100W au repos, reste cependant une préoccupation majeure. La stratégie de l'entreprise repose sur sa plateforme unifiée MUSA (Meta-computing Unified System Architecture).

Moore Threads GPU

Il s'agit d'une architecture de calcul parallèle unifiée qui permet aux GPU de gérer des tâches complexes. Récemment, la société a d'ailleurs publié des mises à jour rapides pour Torch-MUSA, sa bibliothèque d'extension pour le framework d'apprentissage profond PyTorch, renforçant son écosystème logiciel.

L'IA d'abord, les joueurs attendront ?

Le programme de la conférence MUSA 2025 semble clair : l'accent sera mis sur le calcul par IA, les charges de travail scientifiques et les déploiements à grande échelle.

Aucune mention explicite de nouveaux produits dédiés au gaming n'a été faite pour l'instant, ce qui laisse planer le doute sur les priorités à court terme.

Cette orientation suggère que la nouvelle architecture pourrait d'abord équiper des accélérateurs pour les stations de travail et les centres de données. Pour qu'une seconde génération de cartes graphiques pour joueurs puisse voir le jour et être compétitive, des progrès substantiels sur l'efficacité énergétique et la maturité des pilotes seront absolument nécessaires.

Le défi reste immense pour venir bousculer les acteurs établis du marché, à commencer par Nvidia et son architecture CUDA. Toutefois, la récente introduction en Bourse de Moore Threads a montré une très forte attente des investisseurs qui y voient un moyen de se passer des technologies occidentales dans un avenir pas si lointain.