L'argent étant le nerf de la guerre et de la recherche scientifique, le budget de la NASA donne toujours des sueurs froides aux scientifiques en charge des grands programmes spatiaux américains, les fonds pouvant être maintenus ou retirés au gré des arbitrages et des priorités.
Le budget 2026 aura une saveur particulière car il doit composer en plus avec la volonté de l'administration Trump de chercher des économies partout, sans compter la fronde anti-science du nouveau président des Etats-Unis.
Et un document préparatoire qu'a pu consulter le site Ars Technica annonce des temps très compliqués avec une baisse prévue de 20% du budget global et des réductions de 50% imposées spécifiquement sur les projets scientifiques.
Des programmes spatiaux majeurs en danger
Un tel niveau de fragilisation du budget imposera forcément des arrêts de programmes spatiaux jusqu'au plus haut niveau de priorité et surtout sans donner de possibilités d'alternatives, via des contrats avec des entreprises privées par exemple.
C'est donc une perte sèche de production scientifique qui s'annonce avec l'arrêt de dizaines de projets sans équivalents et dont il ne sera pas possible d'obtenir des données uniques.
Certains départements, comme l'astrophysique ou l'observation solaire, verront leur budget s'effondrer de plus de 60%, tandis que les budgets consacrés à l'observation terrestre seront coupés en deux, sans motivation autre que le climatoscepticisme de Donald Trump.
Le document prévoit de maintenir en fonctionnement les télescopes spatiaux James Webb et Hubble mais il porte un coup à la finalisation du Nancy Grace Roman Space Telescope qui doit entrer en service en 2027 qui ne recevra pas de financement complémentaire et risque de ne pas pouvoir se poursuivre comme prévu.
Une opportunité pour la Chine et l'ESA
Certaines grandes missions à venir, comme Mars Sample Return (ramener des échantillons de Mars sur Terre), déjà mal en point niveau budget, ou DAVINCI (exploration de Vénus) pourraient être compromises, ce qui laisserait un boulevard à la Chine pour faire son retard en matière d'exploration spatiale et pour l'ESA (agence spatiale européenne) pour apparaître comme un partenaire plus stable pour de futures missions majeures, craignent les observateurs, avec des migrations de jeunes scientifiques vers d'autres pays.
La Chine pourrait ainsi être la première à ramener des échantillons martiens sur Terre. Cela servira-t-il de prétexte pour annuler la coûteuse mission Mars Sample Return alors que les rovers de la NASA ont déjà constitué les échantillons ?
Ces abandons de missions auront aussi des conséquences sur le personnel. Le célèbre Jet Propulsion Laboratory (JPL), qui pilote les sondes et les rovers au sein du système solaire, risque de devoir licencier une partie de ses ingénieurs et scientifiques tandis que le centre Goddard de recherche et construction spatiale de la NASA risque la fermeture et le licenciement de 10 000 personnes.
Mais il ne s'agit encore que d'un document de travail et il reste à voir quelle sera l'étendue réelle des coupes budgétaires décidées par la nouvelle administration Trump.