Depuis 2016, la sonde Juno gravite autour de Jupiter, scrutant la géante gazeuse, ses lunes et ses anneaux avec une précision inégalée. Initialement prévue pour une vingtaine de mois, sa mission a été prolongée à plusieurs reprises, transformant une exploration en une véritable vigie du système jovien. Mais cette odyssée pourrait avoir pris fin brutalement le 30 septembre 2025.

Une fin de mission dans un brouillard administratif

La date fatidique était connue : l'extension de mission prolongée accordée à Juno en 2021 devait s'achever fin septembre 2025. Cependant, cette échéance a coïncidé avec une paralysie des services gouvernementaux américains, un "shutdown" qui a mis la NASA en mode veille. L'agence spatiale est légalement contrainte de cesser la plupart de ses communications et opérations non essentielles.

En conséquence, personne à la NASA n'est actuellement en mesure de confirmer si les procédures de fin de vie de la sonde ont été enclenchées, ou si elle continue sa course en silence, attendant des instructions qui ne viennent pas. Les responsables de l'agence, contraints à la réserve, se contentent de rappeler qu'ils respecteront la loi, laissant l'avenir de Juno en suspens.

Un héritage scientifique colossal menacé

En près d'une décennie, Juno a largement dépassé ses objectifs initiaux. Ses survols rapprochés des lunes Ganymède, Europe et Io ont fourni des données capitales sur leur géologie et leur environnement.

Elle a cartographié les puissants champs magnétiques et gravitationnels de Jupiter, et même étudié son discret système d'anneaux.

Ces informations ont été cruciales pour préparer les missions futures, notamment la sonde Europa Clipper, lancée en octobre 2024. L'arrêt brutal de Juno créerait un hiatus observationnel de plusieurs années, un véritable "trou" dans la collecte de données jusqu'à l'arrivée d'Europa Clipper en 2030, privant les scientifiques d'une surveillance continue du système jovien.

Quel avenir dans un contexte budgétaire incertain ?

La situation est d'autant plus précaire que le sort de Juno semble scellé sur le plan financier. La sonde n'apparaît pas dans la proposition de budget présidentiel pour l'année fiscale 2026, ce qui indique qu'elle n'est plus considérée comme une priorité. Pendant un "shutdown", seules les missions jugées essentielles à la protection des vies et des biens, ou celles bénéficiant de fonds reportés, peuvent se poursuivre.

Juno ne fait malheureusement pas partie de cette catégorie protégée. Le destin du précieux orbiteur dépend donc entièrement de la reprise des activités gouvernementales et d'une éventuelle rallonge budgétaire de dernière minute. En attendant, la communauté scientifique retient son souffle, espérant que la fin de cette aventure ne se soit pas jouée sur un simple calendrier politique.