Les craintes étaient fondées et la réalité pourrait être encore pire que prévu. Il y a quelques semaines, un document préparatoire anticipait une baisse de 20% du budget de la NASA, préparant l'abandon de missions stratégiques et de collaborations internationales.

La proposition de l'administration Trump formulée ce 2 mai 2025 confirme cette intention en prévoyant une baisse de 24% du budget alloué, qui descendrait alors à 18,8 milliards de dollars, au lieu des presque 25 milliards de dollars espérés jusque-là.

Comme attendu, les financements liés à l'observation de la Terre, du changement climatique et de l'observations spatiales sont les premiers supprimés avec des coupes budgétaires de 1 à 2 milliards de dollars, en phase avec le climatoscepticisme de Donald Trump.

Le budget de développement d'avions plus économes en carburant est également sabré, cette fois en phase avec la chasse aux programmes d'inclusion et de diversité, autre domaine que Donald Trump veut annihiler.

Mars Sample Return et Lunar Gateway sur la sellette

Mais ces restrictions budgétaires vont aller au-delà des seules lubies du président des Etats-Unis puisque de grands programmes spatiaux vont être affectés. Si ce budget est voté par le Congrès américain, ce sera la fin du programme Mars Sample Return, conçu en collaboration avec l'ESA et qui prévoit de ramener des échantillons du sol martien vers la Terre pour les étudier et y rechercher des traces de vie passée.

Le rover Perseverance a déjà collecté les échantillons dans des tubes que la mission devait ensuite collecter avant de les retourner sur Terre. Donald Trump a souligné l'importance stratégique de la planète Mars dans le programme spatial américain mais il veut y faire directement planter le drapeau américain par un colon, et si possible avant la fin de son mandat.

NASA Mars Sample Return

Une autre collaboration avec l'ESA risque d'être abandonnée : la création d'une station orbitale cislunaire baptiser Lunar Gateway qui doit de servir de passerelle entre le sol lunaire et la Terre pour des missions d'occupation et d'exploration de la Lune.

Elle est vue comme un futur terrain d'apprentissage et de validation technique pour les missions d'exploration lointaine, de la Lune à Mars et au-delà. S'en priver va priver l'agence spatiale américaine d'une précieuse expérience.

C'est une composante du programme Artemis de retour des humains sur la Lune mais Donald Trump, influencé par Elon Musk, semble vouloir délaisser cet objectif pour s'attaquer directement à la planète Mars. L'exploration spatiale humaine est d'ailleurs le seul domaine qui verrait son financement augmenté dans le projet de budget actuel.

Artemis ne serait pas abandonné mais serait forcément repensé faute de budget pour le lanceur lourd SLS et la capsule spatiale Orion qui servent de lanceur et de véhicule aux différentes missions.  Les deux engins seraient d'ailleurs abandonné dès la troisième mission Artemis 3 qui doit reposer des humains sur le sol lunaire.

Une focalisation sur Mars qui profite à la Chine ?

Outre le fait de répondre aux orientations du nouveau maître de la Maison Blanche, le budget prévu veut aussi court-circuiter la Chine en prenant les devants vers Mars. Toutefois, abandonner les missions intermédiaires lui laisse un boulevard tout en lui permettant de faire progresser très rapidement ses techniques.

La Chine sait déjà se poser sur la face cachée de la Lune et y récupérer des échantillons ramenés vers la Terre. La colonisation rapide de la Lune, via la future station ILRS, prépare sans doute une exploitation à court terme des ressources.

Chine rover Mars

Rover Zhurong, déjà un pied sur Mars pour la Chine

Une mission similaire à Mars Sample Return est également en préparation. Plus simple, elle devait être lancée avant celle de la NASA mais elle se trouvera désormais sans concurrence. Si elle réussit, elle ramèrena sur Terre des échantillons sans équivalent qui pourront répondre aux interrogations sur l'histoire de Mars et la présence de vie passée.

Ce sont autant de premières mondiales qui échapperont à la NASA et donneront du prestige et du crédit à l'agence spatiale chinoise qui multiplie les projets de missions spatiales dans tous les domaines.

Source : Space.com