Depuis le 6 décembre, les communications avec la sonde MAVEN (Mars Atmosphere and Volatile EvolutioN) sont rompues. L'orbiteur, qui venait de célébrer sa dixième année en orbite martienne, a cessé d'émettre après un passage de routine derrière la planète rouge.

Les données de télémétrie reçues juste avant le silence radio ne montraient aucune défaillance, laissant les équipes du Deep Space Network de la NASA face à une véritable énigme technique.

Un vétéran indispensable à l'exploration martienne

La sonde, pilier de l'exploration martienne, est aujourd'hui silencieuse. Lancée en novembre 2013 et mise en orbite en septembre 2014, sa mission première est d'étudier les couches supérieures de l'atmosphère martienne.

Elle analyse les interactions avec le Soleil et le vent solaire pour comprendre comment la planète a perdu l'essentiel de son atmosphère au fil du temps. Ces données sont cruciales pour reconstituer l'histoire de son climat, de la présence passée d'eau liquide et donc de son habitabilité planétaire.

Planète Mars

Mais MAVEN n'est pas qu'un instrument scientifique. Il est aussi une épine dorsale opérationnelle en servant de relais de communication à haute vitesse pour les rovers Curiosity et Perseverance.

Grâce à son antenne UHF, il collecte les énormes paquets de données scientifiques envoyés depuis le sol martien pour les retransmettre vers la Terre. Il est l'un des maillons les plus modernes de ce réseau, aux côtés d'orbiteurs plus anciens comme Mars Reconnaissance Orbiter (MRO).

Une panne isolée ou le symptôme d'un vieillissement inéluctable ?

Cet incident n'est malheureusement pas le premier coup dur pour cet engin vieillissant. La sonde a en effet déjà connu des difficultés techniques notables par le passé.

En 2022, une défaillance de ses unités de mesure inertielle (IMU), des gyroscopes essentiels à son orientation, avait forcé les équipes à la placer en mode sécurité pendant trois mois.

NASA Maven sonde Mars

Un correctif logiciel avait alors permis à MAVEN de basculer sur un mode de navigation « tout stellaire », s'appuyant uniquement sur les étoiles pour se repérer.

L'origine de la panne actuelle reste donc une question ouverte. S'agit-il d'une défaillance de ce nouveau logiciel de navigation ou d'une panne matérielle inédite ?

Les ingénieurs analysent la dernière télémétrie reçue pour tenter de diagnostiquer le problème, mais l'âge de ses systèmes électroniques fait peser une incertitude de plus en plus lourde sur sa fiabilité à long terme.

Quelles conséquences pour les missions au sol ?

La perte, même temporaire, de MAVEN fragilise l'ensemble de l'architecture de communication martienne. Le réseau, baptisé Mars Relay Network, repose sur ces orbiteurs pour assurer un transfert de données rapide et efficace.

Si les rovers peuvent communiquer directement avec la Terre, le processus est extrêmement lent et énergivore. Les relais orbitaux permettent un débit de données bien supérieur, essentiel pour rapatrier les images en haute résolution et les analyses complexes.

Bien que le réseau dispose de solutions de secours, comme l'orbiteur MRO de la NASA ou le Trace Gas Orbiter (TGO) de l'Agence Spatiale Européenne, MAVEN gérait une part très importante du trafic.

Une interruption prolongée forcerait les équipes au sol à déprioriser certains transferts, ralentissant de fait le flux de données scientifiques. Cette situation intervient ironiquement alors que le budget prévisionnel de la NASA pour 2026 envisageait de mettre fin à la mission MAVEN, malgré son rôle opérationnel critique. L'avenir de l'exploration martienne est suspendu au rétablissement de ce contact.