Une étude révèle que les coupes budgétaires imposées par l'administration Trump au National Institutes of Health (NIH) ont entraîné l'arrêt de centaines d'essais cliniques aux Etats-Unis.

Des dizaines de milliers de participants sont directement affectés par cette décision, qui soulève des questions éthiques et met en péril des avancées potentielles dans des domaines clés comme les maladies infectieuses et le cancer.

La décision de l'administration Trump de sabrer dans les subventions du National Institutes of Health (NIH), l'agence fédérale américaine pour la recherche médicale, n'est pas sans conséquences.

Cette politique, qui vise officiellement à éliminer les programmes jugés dispendieux ou liés à des initiatives de diversité et d'équité, a reçu le feu vert de la Cour Suprême en août dernier. Le résultat est une onde de choc qui se propage dans toute la communauté scientifique.

Une coupe franche aux conséquences mesurables

Une nouvelle étude, publiée dans la revue scientifique JAMA Internal Medicine, met des chiffres précis sur cette situation. Entre février et août, ce sont pas moins de 383 essais cliniques qui ont vu leur financement brutalement interrompu.

Cette suspension touche directement plus de 74 000 participants qui s'étaient engagés dans ces protocoles de recherche. Concrètement, cela signifie qu'environ un essai sur trente financé par le NIH a été stoppé net.

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Les perturbations sont multiples : certains patients se sont inscrits à des essais qui n'ont jamais pu démarrer, tandis que d'autres ont perdu l'accès à un traitement expérimental ou se retrouvent avec des dispositifs médicaux implantés sans le suivi prévu.

Ce gaspillage de ressources et de données compromet par ailleurs des années de travail pour les chercheurs et des incertitudes sur les suites à donner comme sur les prochains protocoles d'essais.

Au-delà des chiffres, un dilemme éthique

L'aspect le plus préoccupant de ces arrêts est la rupture du contrat moral avec les volontaires. Comme le souligne Vishal Patel, l'un des auteurs de l'étude, ces participants ont été exposés aux risques potentiels des traitements sans obtenir le bénéfice attendu : la contribution à la science médicale.

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Pour beaucoup, s'engager dans un essai était une source d'espoir ou une manière de laisser une trace pour les générations futures, un héritage désormais refusé.

Cette situation risque d'éroder durablement la confiance du public envers les institutions médicales. Les futurs volontaires pourraient hésiter à s'engager, craignant que le soutien financier ne soit retiré à tout moment. C'est toute la chaîne de la découverte médicale qui se trouve fragilisée par cette incertitude.

Des domaines de recherche ciblés

Les coupes budgétaires n'ont pas été réparties uniformément. L'analyse montre que certains domaines ont été touchés de manière disproportionnée. Les recherches sur les maladies infectieuses (comme la grippe ou le COVID-19), la prévention du cancer et les interventions comportementales figurent parmi les plus affectées.

Géographiquement, la majorité des essais interrompus étaient basés dans le nord-est des États-Unis. Face à ces critiques, le Département de la Santé et des Services sociaux (HHS) se défend en évoquant un "réalignement stratégique".

Selon un porte-parole, les fonds auraient été retirés d'essais qui "privilégiaient des agendas idéologiques à la rigueur scientifique". Pendant ce temps, d'autres batailles juridiques se poursuivent, notamment sur la réduction des coûts indirects de la recherche, laissant présager de nouvelles turbulences pour le secteur.