Le géant du jeu vidéo Nintendo s'est longtemps tenu à l'écart du marché des jeux mobiles, malgré le succès grandissant de ce dernier, porté par une offre très large et la progression régulière des caractéristiques techniques des smartphones.
Préférant se concentrer sur l'univers des consoles de jeu, il a cependant fini par proposer depuis fin 2016 plusieurs jeux mobiles dérivés de ses franchises Mario, Fire Emblem ou, plus récemment, Animal Crossing, tout en testant plusieurs modèles économiques (achat unique de l'application, freemium...).
A l'époque, la firme envisageait de lancer 2 à 3 titres mobiles par an et se constituer ainsi un joli catalogue et des parts de marché au coeur d'un marché du jeu sur smartphone en progression rapide.
Cette opportunité semble cependant avoir pris du plomb dans l'aile. En mai, rappelle Bloomberg, le président de Nintendo, qui voyait deux ans plus tôt un marché potentiel à 1 milliard de dollars, avait changé de ton en avertissant que que le groupe n'envisageait plus de lancer de nombreuses nouveautés mobiles à l'avenir.
Une annonce de nature à refroidir les actionnaires, ce qui avait conduit à une chute de 4% du cours en Bourse, mais qui montrait aussi que la stratégie mobile de Nintendo était surtout un moyen de compenser les pertes associées à l'insuccès de la console Wii U et en attendant le lancement de la Switch.
Et puisque cette dernière rencontre redonne des couleurs à Nintendo, Animal Crossing ayant même rencontré sur la console un succès fulgurant en période de confinement, la roue de secours du jeu mobile et son mode de fonctionnement particulier n'est plus aussi attractive, d'autant plus qu'un certain nombre des titres mobiles lancés voient leur revenus s'assécher.
Le dernier titre lancé, Mario Kart Tour, adaptation mobile et simplifiée du jeu à succès sur console, date de l'automne 2019 et rien n'a été présenté ou même prévu depuis.
Il faut dire que Nintendo n'est pas forcément à l'aise avec le modèle économique freemium qui pousse les joueurs à dépenser toujours plus en échange d'un accès en partie gratuit aux jeux et avec des mécanismes ludiques favorisant les joueurs qui y mettent le prix, et alors que les systèmes de loot box sont de plus en plus décriés, voire interdits dans certains pays.
Ce modèle du freemium avec achats in-app a pignon sur rue sur les portails de téléchargement d'applications, ce qui rend l'achat unique, autre option possible, moins séduisant.
Dans les deux cas, les résultats n'ont pas été convaincants pour Nintendo et, si le groupe n'abandonne pas complètement les jeux mobiles, son prochain titre ne sera sans doute pas lancé avant la fin de l'année ou l'an prochain.