La croisade de Nintendo contre le piratage de sa console Switch vient de marquer un point décisif. Après avoir fait tomber l'émulateur Yuzu, l'entreprise japonaise a obtenu la condamnation de Ryan Daly, responsable de la boutique en ligne Modded Hardware.

Le jugement, rendu le 5 septembre 2025, est sans appel : 2 millions de dollars de dommages et intérêts et l'arrêt complet et définitif de toute activité liée au contournement des protections de la console.

Quels étaient les produits vendus par Modded Hardware ?

La boutique de Ryan Daly était une véritable caverne d'Ali Baba pour les pirates. Le produit phare était le Mig Switch, une "flashcart" qui permet de lancer des copies de jeux téléchargées illégalement depuis une simple carte microSD.

Le site proposait également le "MIG Dumper" pour copier les cartouches de jeu physiques, ainsi que des puces de modification ("modchips"), des consoles pré-piratées et même des services d'installation. L'ensemble de ces outils a été jugé en violation directe du Digital Millennium Copyright Act (DMCA), la loi américaine sur le droit d'auteur numérique.

Quelle est la portée de cette décision de justice ?

La sanction est exceptionnellement sévère et vise à neutraliser complètement l'opérateur.

Au-delà de l'amende de 2 millions de dollars, le tribunal a prononcé une injonction permanente d'une portée considérable. Ryan Daly a désormais l'interdiction formelle de vendre, de posséder, de distribuer et même d'investir dans toute entreprise liée de près ou de loin à des outils de contournement.

Son site web sera transféré à Nintendo, et tout son stock de matériel de piratage sera saisi puis détruit. C'est un démantèlement en règle qui envoie un message très clair à la scène du modding.

Cette action s'inscrit-elle dans une stratégie plus large de Nintendo ?

Absolument. Cette victoire judiciaire n'est pas un acte isolé, mais bien une nouvelle étape dans l'offensive globale de Nintendo.

Elle fait suite à la fermeture forcée de l'émulateur Yuzu en mars 2024, qui s'était soldée par un accord à 2,4 millions de dollars. L'entreprise s'attaque à tous les maillons de la chaîne du piratage : le logiciel avec les émulateurs, le matériel avec les "modchips" et les "flashcarts", et la distribution de contenu avec la saisie de sites de ROMs.

Nintendo a clairement fait de la protection de sa propriété intellectuelle une priorité absolue, utilisant l'arsenal juridique pour dissuader quiconque de contourner ses systèmes.

Foire Aux Questions (FAQ)

Le Mig Switch est-il désormais illégal ?

La vente d'appareils dont le but principal est de contourner des mesures de protection technologiques est illégale dans de nombreux pays, dont les États-Unis, en vertu du DMCA. Ce jugement renforce ce statut. Bien que certains utilisateurs argumentent de son utilité pour faire des sauvegardes de leurs propres jeux, son usage principal reste le piratage.

Cette décision met-elle fin au piratage sur la Switch ?

Non, certainement pas. Cette action neutralise un vendeur important, mais d'autres boutiques et sites web continuent d'exister. Cependant, la sévérité de la peine a un effet dissuasif majeur et complique l'accès à ces outils pour le grand public.

Pourquoi Nintendo est-il si agressif contre le modding ?

Nintendo considère que le piratage cause un "préjudice irréparable" à son activité en dévaluant ses jeux et en nuisant aux ventes. L'entreprise estime que la protection de son écosystème fermé est essentielle à son modèle économique et à la confiance des consommateurs.