Pendant des années, le robot humanoïde est resté un luxe technologique, avec des prototypes coûtant des centaines de milliers, voire des millions de dollars. Des projets comme l'Optimus de Tesla, dont les premières estimations tablaient autour de 20 000 $, ou le R1 d'Unitree à 5 900 $, représentaient déjà un effort pour lâcher du lest sur les coûts.

Cependant, une jeune pousse chinoise vient de bousculer ce paysage avec un robot qui se positionne non pas face à ses pairs industriels, mais aux produits électroniques du quotidien.

Comment Noetix Robotics a divisé les coûts par dix

Noetix Robotics, une startup basée à Pékin, a dévoilé son robot Bumi, dont le prix est fixé à 9 998 yuans, soit environ 1 400 $. Ce tarif le place au même niveau qu'un smartphone haut de gamme, marquant une nouvelle étape dans la commercialisation des humanoïdes.

Pour atteindre un tel seuil, l'entreprise a opté pour une approche radicale d'ingénierie et de production. Contrairement aux géants qui intègrent des composants souvent coûteux et importés, Noetix a concentré ses efforts sur trois piliers majeurs pour optimiser la chaîne de valeur.

Premièrement, l'intégration verticale : la conception des cartes de contrôle et des pilotes de moteur est réalisée en interne. Cela élimine les marges des fournisseurs externes et permet un alignement matériel-logiciel beaucoup plus fin.

La conception au service de l'accessibilité

Le second levier d'économie réside dans la refonte structurelle du robot. Bumi, qui mesure 94 centimètres et pèse seulement 12 kilogrammes, est principalement constitué de matériaux composites légers, avec un renforcement métallique ciblé. Cette légèreté a une conséquence en cascade : des moteurs plus petits, des batteries plus compactes et donc, une réduction des coûts généralisée sur tout le système mécanique. Son design est également intentionnellement enfantin pour éviter l'effet « vallée de l'étrange ».

Le troisième point, non négligeable, est la chaîne d'approvisionnement domestique. Près de 100 % des composants, allant des capteurs aux processeurs Rockchip, sont sourcés en Chine.

En exploitant la densité manufacturière locale, Noetix minimise les retards logistiques, accélère les cycles d'itération et évite l'inflation des coûts d'importation. Dès les premières heures de précommande, plus d'une centaine d'unités ont été vendues, confirmant l'appétit du marché.

Un compagnon éducatif avant tout

Positionné pour l'éducation et le divertissement familial, Bumi n'est pas conçu pour remplacer un travailleur industriel. Avec 21 degrés de liberté, le robot est capable de marcher, de danser et d'interagir par la voix, son autonomie étant d'une à deux heures grâce à une batterie 48 volts.

L'aspect pédagogique est central : Noetix a équipé Bumi d'une interface de programmation graphique simple, fonctionnant par « glisser-déposer », idéale pour initier les enfants et les étudiants aux bases de la robotique.

Cela le transforme en une plateforme d'expérimentation ouverte plutôt qu'en un gadget fermé. Avec des objectifs de production atteignant 1 000 unités par mois d'ici fin 2025, la startup ambitionne de créer une communauté de développeurs autour de son modèle.

Si la durabilité face aux chocs du quotidien et la capacité à gérer des environnements complexes (comme les escaliers) restent des questions en suspens, Bumi ouvre une voie inattendue : celle où l'accès aux humanoïdes ne dépend plus de subventions massives ou d'un garage high-tech, mais d'un budget grand public. Ce n'est qu'un début, mais le robot a clairement fixé un nouveau prix plancher pour l'industrie.