Depuis son annonce, le projet Tesla Optimus cristallise les espoirs comme les doutes. Conçu pour effectuer des tâches humaines, ce robot humanoïde fascine, mais ses démonstrations récentes laissent perplexe.
Plusieurs problèmes techniques ralentissent sa production et suscitent un débat intense sur la viabilité du projet, alors que la firme relâche l'effort sur l'électrique pour se concentrer sur la conduite autonome et les robots humanoïdes.
Les lourds défis techniques freinant la production
Les obstacles techniques sont au cœur des retards du programme Optimus. Bien que plusieurs centaines d’unités aient été assemblées, la production est en pause pour un important redesign.
Le problème majeur : les mains et les avant-bras. Leur faible durabilité et leur capacité fonctionnelle limitée empêchent le robot de réaliser des gestes fins et essentiels.
En plus, les moteurs des articulations surchauffent, les transmissions s’usent prématurément, et l’autonomie des batteries ne permet pas encore une utilisation prolongée.
Ces failles techniques montrent combien la conception d’un humanoïde reste un défi de taille, surtout lorsque l’on vise une fluidité et une précision comparables à celles d’un humain.
Ces problèmes sont si sérieux qu’ils ont conduit Tesla à suspendre temporairement les commandes chez ses fournisseurs, notamment en Chine, retardant de plusieurs mois la montée en cadence prévue.
Un leadership en crise amplifie les interrogations
À ces difficultés s’ajoute un bouleversement au plus haut niveau du projet. Milan Kovac, responsable du programme Optimus depuis 2016, a quitté Tesla récemment, plongeant la direction dans une incertitude supplémentaire. Son successeur, Ashok Elluswamy, réputé pour son expertise dans l’IA, doit maintenant piloter ce programme sous une forte pression.
Cette instabilité a alimenté les doutes quant à la capacité de Tesla à mener ce projet à terme, alors que les attentes fixées par Musk restent très ambitieuses. Le départ du leader et la survenue de diverses tensions internes, dont une bataille judiciaire autour d’une startup issue d’anciens employés, impactent la stratégie.
Ces différentes difficultés rendent la trajectoire d’Optimus incertaine, bien loin des annonces initiales promettant plusieurs milliers d’unités produites dès 2025.
Des démonstrations publiques décevantes et très critiquées
Les présentations publiques de Tesla Optimus n’ont pas convaincu les observateurs. Lors d’une récente démo, le robot à la coque dorée dans sa version 2.5 a notamment eu des difficultés à marcher sans perdre l’équilibre et a souffert d’un « freeze » en pleine tâche, soulignant le manque de fiabilité du système.
Cette performance jugée « peu convaincante » a soulevé des moqueries et une forte critique sur la crédibilité du projet. Pour certains experts, Tesla sous-estime la complexité d’un robot humanoïde autonome capable d'interagir naturellement avec son environnement. Le défi dépasse largement la simple mécanique pour intégrer une intelligence artificielle capable de gérer des situations variées.
En parallèle, Tesla insiste sur les améliorations à venir, avec l’intégration de Grok, assistant vocal pour des interactions plus fluides, et sur des progrès au niveau du design. Cependant, le chemin entre prototypes maladroits et produit industriel pleinement fonctionnel est encore long.
Un avenir incertain dans un marché très concurrentiel
Tesla souhaite faire d’Optimus un robot polyvalent accessible, avec un prix envisagé autour de 20 000 à 30 000 dollars. Une ambition qui semble difficile à tenir face à la concurrence chinoise, où certains modèles coûtent moins de 6 000 dollars.
De plus, le contexte de marché impose à Tesla de revoir sa stratégie. Le robot n’est actuellement capable que de tâches très limitées, notamment le déplacement de batteries dans ses usines, avec une efficacité bien inférieure à celle d’un humain. "Le projet pourrait se réorienter vers des applications plus simples, comme celles adoptées par d'autres entreprises de robotique," suggèrent certains analystes.
Enfin, Elon Musk reste optimiste et parle d’une montée rapide en production future, évoquant la perspective de passer à un million d’unités annuelles dans les cinq ans. Mais pour ce faire, beaucoup de verrous techniques et organisationnels doivent être levés.
Le robot Optimus sera-t-il l'avenir de Tesla ? Difficile encore de se prononcer, tant sur les progrès à réaliser de la part de l'entreprise d'Elon Musk que des avancées rapides de la concurrence. Le milliardaire évoque déjà une version v3 d'Optimus qui, forcément, sera bien plus efficace mais dont il ne donne pas de fenêtre de lancement et qui n'a pas encore été dévoilé. Affaire à suivre.