Les sociétés Terra Innovatum et Uvation s'associent pour un projet pilote de 1 MWe visant à alimenter les infrastructures IA avec des micro-réacteurs nucléaires.
Cet accord, avec une option d'extension à 100 MWe, propose une solution énergétique "derrière le compteur" (avec un réacteur in situ) pour contourner les limites des réseaux électriques traditionnels et accélérer le déploiement de l'intelligence artificielle.
Le coeur de cette lettre d'intention (MoU ou Memorandum of Understanding) est de fournir une source d'énergie directe et stable aux infrastructures gourmandes en calcul de l'IA.
Le goulot d'étranglement énergétique de l'IA
Le contexte de cette annonce s'appuie sur un fait : la demande mondiale pour l'intelligence artificielle, particulièrement tirée par les États-Unis, connaît une croissance fulgurante.
Le problème est que cette accélération se heurte de plein fouet aux limites des infrastructures énergétiques actuelles. Les réseaux électriques traditionnels peinent, et sont souvent incapables, de supporter la densité des clusters de calcul haute performance nécessaires aux infrastructures IA.
Cette inadéquation est devenue une source majeure de retards dans les projets de déploiement à grande échelle.
Reen Singh, le PDG d'Uvation, souligne l'ampleur du défi : "Certains de nos clients anticipent une demande dépassant 1 GW, mais le manque d'accès facile à l'énergie limite l'échelle des déploiements". Les pénuries d'électricité ne sont plus un risque potentiel mais une réalité qui freine l'innovation et la commercialisation.
Une réponse nucléaire, modulaire et locale
Pour contourner cet obstacle, l'alliance entre Terra Innovatum et Uvation mise sur une stratégie spécifique. Le principe est d'installer la source de production d'énergie, ici le micro-réacteur SOLO, directement sur le site du data center.
Cette approche offre une indépendance quasi totale vis-à-vis du réseau public, garantissant une alimentation stable et continue. Le réacteur SOLO, un modèle de 1 MWe et 4 MWth, est le fruit de six années d'ingénierie axée sur la sécurité et la simplification des licences.
Selon Alessandro Petruzzi, co-fondateur et PDG de Terra Innovatum, cette solution apporte une résilience fondamentale. "Notre système offre une redondance essentielle pour les data centers, réduisant les risques lors des maintenances ou des pannes, assurant la continuité indépendamment des pénuries et renforçant la protection en matière de cybersécurité". La technologie est conçue pour être déployée mondialement d'ici trois ans.
Au-delà des data centers, une vision plus large ?
Si la priorité immédiate est de répondre à la soif énergétique des data centers, la technologie du réacteur SOLO a des ambitions bien plus vastes. Conçu pour s'adapter à différentes options de combustible, notamment l'uranium faiblement enrichi (LEU+) et l'uranium à haute teneur (HALEU), le système affiche une grande flexibilité et une vraie sécurité, son principe l'empêchant de s'emballer ou d'exploser.
De plus, son architecture modulaire, qui repose sur l'utilisation de composants prêts à l'emploi, permet des installations combinées capables de fournir 1 GW ou plus.
Les applications potentielles sont multiples et variées. Terra Innovatum évoque des solutions énergétiques décarbonées pour des mini-réseaux desservant des villes isolées, mais aussi pour des opérations industrielles lourdes.
Des secteurs comme la cimenterie, la sidérurgie, l'exploitation minière ou encore le pétrole et le gaz pourraient en bénéficier. Le réacteur peut également fournir de la chaleur pour des procédés industriels, le traitement de l'eau ou la désalinisation.
Ce projet pilote n'est donc peut-être que la première étape d'un changement de paradigme où l'accès à l'énergie ne serait plus le principal frein à l'innovation.