Le fonds Altice, emmené par Patrick Drahi, s'est lancé dans une série d'acquisitions de câblo-opérateurs aux Etats-Unis en reprenant la recette qui l'a amené à s'emparer de l'opérateur français SFR en 2014 : apporter des fonds importants levés par une dette que les entreprises créées ou réunies doivent ensuite gérer au mieux, réduisant les coûts dans tout ce qui peut l'être.
Et si ce procédé a été plutôt bien accueilli jusqu'à présent grâce aux relations intimes de Patrick Drahi avec les milieux d'affaires et les banquiers, la crainte du risque généré par la stratégie de conquête par l'endettement commence peut-être à se manifester avec un certain effritement de la confiance, pourtant indispensable à ce type de manoeuvre.
Les cours d'Altice et de Numericable-SFR ont connu de sévères coups de froid cette semaine, reculant chacun de 12,5% et de 7,89%. Le journal La Tribune relève qu'Altice a levé moins de fonds que prévu pour contribuer au rachat de sa dernière acquisition, Cablevision aux Etats-Unis, ce qui devrait l'obliger à revoir à la hausse le montant du prêt nécessaire.
Mais les marchés financiers sont plus tendus du fait de multiples événements et moins enclins à prêter de l'argent soumis au risque de la dette, de sorte que les observateurs commencent à suggérer que Patrick Drahi arrive peut-être au bout des possibilités de financement de fusions-acquisitions par ce moyen, d'autant plus que les synergies traditionnellement promises ne convainquent pas toujours.
Les dirigeants d'Altice eux-mêmes ont sans doute déjà compris qu'une pause dans la stratégie d'acqusition par l'endettement allait être nécessaire. Celle-ci pourrait durer deux ans et être mise à profit pour travailler sur le désendettement des sociétés rachetées. A moins que les opportunités de dernière minute ne soient plus fortes...