Jensen Huang, le PDG de Nvidia, a lancé un avertissement sévère : la Chine est en passe de gagner la course à l'intelligence artificielle. Il pointe du doigt les subventions massives de Pékin et une réglementation américaine qui pourrait freiner l'innovation.
Lors du sommet "Future of AI" organisé par le Financial Times, Jensen Huang n'a pas mâché ses mots. "La Chine va gagner la course à l'IA", a-t-il déclaré sans détour.
Cette affirmation directe et sans équivoque marque une escalade dans les avertissements que le dirigeant formule depuis plusieurs mois. S'il a plus tard nuancé son propos sur les réseaux sociaux en précisant que "la Chine est à quelques nanosecondes derrière l'Amérique en IA", le message principal reste le même : l'avance des États-Unis est bien plus fragile qu'il n'y paraît et la stratégie actuelle de Washington pourrait s'avérer dangereuse.
Une stratégie américaine jugée contre-productive
Au cœur des préoccupations de Jensen Huang se trouve la politique de Washington. Depuis plusieurs mois, l'administration américaine multiplie les mesures pour freiner l'accès de la Chine aux technologies de pointe.
Les restrictions américaines sur l'exportation des puces les plus performantes, notamment les GPU Blackwell de Nvidia, sont conçues pour établir un verrou technologique.
Pourtant, selon le PDG, cette approche pourrait bien produire l'effet inverse. En se voyant privée d'accès aux semi-conducteurs américains, la Chine est contrainte d'accélérer massivement le développement de ses propres solutions, stimulant ainsi son industrie locale et renforçant son indépendance à long terme.
Le double avantage de la Chine : subventions et régulation
Le patron de Nvidia met en lumière deux facteurs qui, selon lui, pourraient faire pencher la balance en faveur de Pékin. D'une part, il souligne qu'en Chine, "l'énergie est gratuite" pour les géants de la tech, une référence aux colossales subventions énergétiques qui permettent de faire tourner les centres de données ultra-gourmands nécessaires à l'entraînement des IA à moindre coût
D'autre part, il oppose cette approche pragmatique au "cynisme" occidental et à la vague de réglementations qui déferle aux États-Unis, craignant qu'un excès de règles ne finisse par étouffer l'innovation.
La dynamique est limpide : pendant que la Chine subventionne, l'Amérique régule, créant un déséquilibre potentiellement fatal dans cette compétition acharnée.
Perdre les développeurs, c'est perdre la guerre
Au-delà du matériel et des coûts, l'argument le plus puissant de Jensen Huang porte sur le capital humain. "Nous voulons que le monde soit construit sur la pile technologique américaine", a-t-il rappelé.
Or, pour y parvenir, il est impératif de rester connecté à la communauté mondiale des ingénieurs. Il met en garde contre une politique qui "ferait perdre à l'Amérique la moitié des développeurs d'IA du monde", en référence à l'immense bassin de talents chinois.
Pour le patron de Nvidia, isoler la Chine revient à se couper d'une source vitale d'innovation et de feedback, un risque immense pour qui veut remporter la bataille de l'écosystème de développeurs.
L'équation qu'il pose à Washington est complexe : comment maintenir son leadership technologique tout en se privant de son plus grand marché et de sa plus grande communauté de développeurs ? La réponse à cette question déterminera sans doute le vainqueur de demain.