Nvidia riposte fermement aux accusations de Michael Burry, qui compare l'essor de l'IA à la bulle internet. Dans une note privée aux analystes, le fabricant de puces réfute point par point les critiques sur sa comptabilité, sa valorisation et la durabilité de la demande, engageant un bras de fer sur la crédibilité du marché.

La bataille narrative autour de l'intelligence artificielle vient de franchir un nouveau cap. Face aux avertissements répétés de l'investisseur connu pour son rôle dans "The Big Short", le titan des processeurs graphiques Nvidia a choisi de sortir du silence.

Par le biais d'une note interne destinée aux analystes de Wall Street, l'entreprise a méthodiquement déconstruit les arguments de son détracteur.

Une analogie avec Cisco et la bulle internet

Le cœur de l'argumentaire de Michael Burry repose sur une comparaison historique. Pour lui, l'engouement actuel pour l'IA n'est pas sans rappeler la frénésie qui a entouré le déploiement de la fibre optique à la fin des années 1990.

Il soutient que Nvidia occupe aujourd'hui la même position que Cisco à l'époque : le fournisseur incontournable d'une infrastructure bâtie sur des prévisions de demande extraordinairement optimistes.

Burry craint une surabondance de l'offre qui ne rencontrerait finalement qu'une demande bien plus modeste, provoquant un effondrement similaire à celui qui a touché les télécoms au début des années 2000.

Nvidia réfute les accusations sur sa santé financière

Dans sa note, Nvidia s'attaque frontalement aux critiques comptables. L'entreprise précise que ses rachats d'actions depuis 2018 s'élèvent à 91 milliards de dollars, et non 112,5 milliards comme avancé par Burry, qui aurait incorrectement inclus des taxes liées aux stock-options (RSU).

Nvidia défend également sa politique de compensation par actions, arguant qu'elle est conforme aux pratiques du secteur et que le gain pour les employés est simplement le reflet de la hausse du cours, non d'une attribution initiale excessive.

Le mémo écarte aussi les allégations de financement circulaire (Nvidia qui devient à la fois fournisseur des GPU et consommateur des infrastructures de ses clients), soulignant que ses investissements stratégiques ne représentent qu'une infime fraction de ses revenus.

La question cruciale de la durée de vie des GPU

Un autre point de friction majeur concerne l'amortissement des processeurs graphiques. Burry suggère que les clients de Nvidia surestiment la durée de vie de ces puces pour justifier des dépenses en capital démesurées.

Nvidia rétorque que ses clients amortissent les GPU sur une période réaliste de quatre à six ans, basée sur leur longévité et leur utilisation effective. Pour preuve, l'entreprise souligne que des modèles plus anciens comme les accélérateurs A100, lancés en 2020, conservent une forte valeur économique et un taux d'utilisation élevé bien au-delà des deux ou trois ans évoqués par les critiques.

En répondant directement, Nvidia montre qu'elle prend la menace au sérieux. La confrontation entre la vision du géant de la tech et le scepticisme de l'un des investisseurs les plus écoutés de la planète soulève une question fondamentale : assisterons-nous à une croissance durable de l'IA ou à la douloureuse correction d'une exubérance irrationnelle ?