Michael Burry n'est pas un inconnu. Son nom est devenu célèbre grâce au film "The Big Short", qui a chroniqué son incroyable pari contre le marché immobilier américain avant l'effondrement de 2008.

Lorsque cet investisseur sort du silence, Wall Street écoute, même si ses prédictions n'ont pas toujours été infaillibles ces dernières années. Après deux ans d'absence, Burry a fait un retour remarqué sur le réseau social X.

Il y multiplie les messages cryptiques, se présentant comme un "Cassandre" moderne, cette figure mythologique condamnée à prédire des catastrophes sans jamais être crue.

Il compare l'engouement actuel pour l'IA à la bulle Internet du début des années 2000. Il pointe notamment du doigt la hausse massive des dépenses d'investissement (CapEx) et les "financements circulaires" entre les géants de la tech, où les entreprises semblent s'auto-financer pour gonfler la demande.

Un pari d'un milliard de dollars contre l'IA

Mais Michael Burry ne s'est pas contenté de mots. Les dernières déclarations réglementaires de son fonds, Scion Asset Management, pour le troisième trimestre 2025 ont révélé l'ampleur de sa méfiance.

Le fonds a acquis des options de vente (des "puts") d'une valeur notionnelle considérable : 912 millions de dollars contre Palantir et 187,6 millions de dollars contre Nvidia.

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Ces paris baissiers, d'un montant total dépassant le milliard de dollars, signifient que Scion profitera massivement si les cours de ces deux actions s'effondrent. Le choix des cibles n'est pas anodin : Nvidia est le pilier matériel de l'intelligence artificielle, ayant récemment dépassé les 5 000 milliards de dollars de capitalisation, tandis que Palantir est un acteur logiciel majeur du secteur.

La réplique cinglante du PDG de Palantir

La nouvelle de ce "short" a immédiatement secoué les marchés. Le Nasdaq, à forte dominante technologique, a connu mardi sa pire journée depuis août, chutant de plus de 2%. Palantir, bien qu'ayant publié des résultats jugés "stellaires", a dévissé de près de 8%.

La raison de cette chute ? Les investisseurs s'inquiètent d'une visibilité insuffisante pour 2026 et d'une valorisation jugée "extrême" par de nombreux analystes.

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La réaction la plus vive est venue d'Alex Karp, le PDG de Palantir. Interrogé sur CNBC, il n'a pas mâché ses mots, qualifiant le pari de Burry de "complètement fou".

"Il parie contre les deux entreprises qui gagnent tout l'argent", a-t-il lancé, ajoutant que ces attaques le motivaient à "tripler la mise" pour publier de meilleurs chiffres, en partie "pour les rendre plus pauvres".

Simple correction ou début de la fin ?

L'avertissement de Burry n'est pas isolé. Les PDG de Goldman Sachs et de Morgan Stanley ont également exprimé leurs craintes, s'attendant à une correction majeure du marché de 10% à 20% dans les 12 à 24 prochains mois.

Cependant, d'autres experts restent prudents. Ils rappellent le danger pour Burry de "se faire écraser par le momentum" si Nvidia et Palantir continuent de dépasser les attentes, portés par une demande bien réelle.

Le pari est lancé : Burry aura-t-il raison une seconde fois, ou son timing est-il, cette fois, erroné ? L'avenir proche des marchés technologiques pèse lourdement sur cette question.