Jensen Huang, le PDG de Nvidia, a annoncé un partenariat stratégique majeur avec Nokia, incluant un investissement colossal de 1 milliard de dollars dans l'équipementier finlandais.
Cette annonce a fait bondir l'action de Nokia de plus de 22% car le projet est ambitieux et prometteur : développer conjointement la prochaine génération de technologie cellulaire, la 6G, en la rendant "nativement IA".
Pour Nvidia, l'enjeu est aussi géopolitique. Huang a souligné que les États-Unis dépendaient depuis trop longtemps de technologies de communication étrangères (faisant allusion à Ericsson, Nokia lui-même, ou Huawei).
Selon lui, le passage à la 6G et à l'IA offre une chance de "ramener la technologie des télécommunications en Amérique". Pour ce faire, Nvidia pousse sa plateforme AI Aerial et une nouvelle solution matérielle, l'Aerial RAN Computer (ARC) Pro, conçue pour faire tourner la 5G, la 6G et l'IA sur les sites cellulaires existants via de simples mises à jour logicielles.
Ironiquement, pour "ramener" la technologie aux USA, Nvidia s'allie massivement avec... Nokia, une entreprise finlandaise. Conscient que les trois plus grands équipementiers télécom ne sont pas américains, Nvidia investit donc ce milliard pour que Nokia "réécrive sa stack" et intègre le système ARC Pro dans son portefeuille RAN AirScale.
Justin Hotard, PDG de Nokia, parle d'une "refonte fondamentale du réseau" visant à "mettre un centre de données IA dans la poche de chacun".
L'AI-RAN : La 6G comme plateforme de calcul
Ce partenariat marque le début de ce que les deux entreprises appellent "l'ère de l'IA-native sans fil".
L'idée n'est plus de voir le réseau comme un simple tuyau, mais comme une plateforme de calcul distribuée. La solution AI-RAN permettra de gérer l'inférence IA directement à la périphérie (edge computing).
C'est crucial pour gérer l'explosion du trafic IA mobile (Nvidia note que 50% des utilisateurs de ChatGPT y accèdent via mobile) et pour les futures applications comme les drones, les lunettes AR/VR ou les véhicules autonomes.
T-Mobile US est déjà dans la boucle. L'opérateur, membre de l'AI-RAN Alliance aux côtés de Nvidia et Nokia, prévoit de tester ces solutions dès 2026. John Saw, CTO de T-Mobile, a confirmé que ces évaluations viseront à "répondre aux besoins évolutifs de nos clients à mesure que nous avançons vers la 6G". Dell Technologies fournira également l'infrastructure matérielle avec ses serveurs PowerEdge pour faire tourner la solution AI-RAN.
Déjà la 6G ? Le pari de Nvidia
Parler de 6G alors que la 5G peine encore à démontrer un retour sur investissement significatif peut sembler prématuré. Les standards 6G du 3GPP ne sont pas attendus avant un certain temps.
Mais Nvidia balaie ces doutes. Ronnie Vashishta (SVP Telecom chez Nvidia) insiste : "L'IA est un facteur critique dans la formation de ces nouveaux standards". L'idée est de déployer dès maintenant des équipements 5G "software-defined" qui pourront être mis à jour vers la 6G.
Si la 5G n'a jamais vraiment tenu ses promesses, la 6G bénéficie du puissant moteur du boom de l'IA. Nvidia parie 1 milliard de dollars qu'il peut transformer l'infrastructure réseau mondiale en un "réseau de neurones numérique", un "cloud industriel et robotique à la périphérie", selon les mots de Huang.