L’annonce d’un projet impliquant directement OpenAI et le gouvernement britannique ouvre de nouvelles perspectives : Sam Altman, PDG de la firme, aurait proposé un accord colossal évalué à 2 milliards de dollars pour offrir un accès illimité et gratuit à ChatGPT Plus à tous les Britanniques.
Cette perspective, révélée après une rencontre entre Altman et le ministre britannique Peter Kyle, soulève autant d’enthousiasme que d’interrogations. L’idée d’un outil d’intelligence artificielle distribué gratuitement à l’échelle d’un pays entier n’a encore jamais vu le jour. Est-elle possible et souhaitable dans la guerre de l'IA qui se joue actuellement ?
Une rencontre stratégique entre Sam Altman et Peter Kyle
Selon plusieurs révélations concordantes, Sam Altman et le nouveau ministre britannique de la Science, de l’Innovation et de la Technologie, Peter Kyle, se sont récemment entretenus à Londres.
Le dirigeant d’OpenAI, déjà connu pour ses ambitions mondiales, a soumis l’idée d’un partenariat unique : rendre ChatGPT Plus disponible pour l’ensemble de la population du Royaume-Uni, sans facturation pour les citoyens. Le projet serait financé par un accord global de près de 2 milliards de dollars, une somme qui en dit long sur l’ampleur de l’offre.
Peter Kyle, dont le portefeuille est désormais central dans la stratégie numérique du Royaume-Uni, se trouverait face à un choix majeur : accepter ce qui pourrait représenter une avancée technologique accessible pour tous, ou soulever le risque de dépendance à une entreprise privée étrangère pour un service sensible. Altman, pour sa part, chercherait à faire du Royaume-Uni une vitrine mondiale de l’intégration d’outils d’IA dans la vie quotidienne et dans l’administration publique.
OpenAI propose déjà aux agences gouvernementales américaines un accès à ses modèles d'IA pour 1 dollar mais la firme a rapidement été accompagnée dans ce mouvement par ses concurrents. L'idée reste la même : imposer un modèle d'IA en le rendant prioritaire et en le diffusant massivement.
Un projet sans précédent : les contours de l’accord
Les détails précis n’ont pas encore été officialisés, mais les premières informations évoquent un accord structuré autour d’une mise à disposition immédiate de la version premium de ChatGPT. Pour rappel, l’abonnement payant à ChatGPT Plus offre normalement des avantages notables : accès prioritaire, temps de réponse réduits, et accès aux modèles avancés de dernière génération.
Si l’offre se concrétise, chaque Britannique disposerait gratuitement des fonctionnalités de ChatGPT Plus, sans passer par l’abonnement mensuel actuellement fixé à environ 20 dollars.
L’impact économique direct serait massif, et plusieurs sources évoquent déjà des conditions, par exemple sur l’utilisation des données ou les modalités d’accès. L’accord représenterait une sorte de contrat public-privé inédit, où l’État britannique financerait l’accès généralisé à une technologie propriétaire d’OpenAI.
Un pari politique et technologique
Si Sam Altman pousse cette initiative, ce n’est pas uniquement par altruisme. L’idée est de placer son entreprise au cœur d’un débat mondial sur l’accessibilité de l’IA. En proposant un partenariat exclusif au Royaume-Uni, Altman testera la viabilité d’une distribution massive d’outils d’IA. Cette approche servirait aussi de modèle pour d’autres pays. Autrement dit, le Royaume-Uni pourrait devenir un terrain d’expérimentation grandeur nature.
La question politique n’est pas anodine : faut-il confier à une entreprise privée américaine la mission de fournir un service numérique à l’échelle nationale ? Certains responsables politiques britanniques s’interrogent déjà sur la sécurité des données, les risques de dépendance et la souveraineté numérique.
Pourtant, difficile de ne pas voir les opportunités : un accès universel pourrait réduire les inégalités numériques et offrir aux étudiants, aux travailleurs, aux chercheurs et même aux institutions publiques des outils jusqu’ici réservés à des abonnés payants.
Les impacts possibles sur la société britannique
Imaginer que 67 millions de Britanniques aient accès, gratuitement, à un assistant conversationnel avancé comme ChatGPT Plus ouvre de nombreuses perspectives intéressantes comme un soutien accru à l'éducation en s'appuyant sur l'IA, le renforcement des petites entreprises qui trouveraient là un moyen d'automatiser certaines tâches ou encore divers usages dans des secteurs comme la santé, l'administration et la vie quotidienne.
A côté de ces avantages, les inquiétudes sont également palpables. L’accord à 2 milliards de dollars soulève des débats sur le financement public. Qui paierait réellement cette facture : le gouvernement via l’impôt, ou OpenAI via des contreparties stratégiques comme l’accès aux données anonymisées des utilisateurs britanniques ? Dans l’opinion publique comme au Parlement, la question ne manquera pas d’être posée.
Un signal fort dans la compétition mondiale de l’IA
Enfin, cette proposition marque une nouvelle étape dans la compétition mondiale autour de l’intelligence artificielle. Alors que la Chine et les États-Unis investissent massivement dans leurs propres modèles, le Royaume-Uni pourrait saisir l'occasion de se présenter comme pionnier de l’intégration de l’IA au quotidien, grâce à un accord avec OpenAI.
Mais cette visibilité a aussi un revers : en devenant vitrine, le Royaume-Uni deviendrait peut-être aussi laboratoire, avec tous les risques que cela suppose. Qu’il s’agisse de dépendance technologique, de biais potentiels dans les réponses fournies par ChatGPT, ou encore d’influence extérieure, les défis seront nombreux.
Pour OpenAI, faire la démonstration d'un tel déploiement permettrait d'en préparer d'autres d'obtenir un avantage écrasant sur les autres acteurs du marché. Pour les utilisateurs britanniques, cela pourrait être l'occasion de tester l'adage : "si c'est gratuit, c'est vous le produit".