Des chercheurs d'OpenAI ont annoncé avec fracas que GPT-5 avait résolu des problèmes mathématiques réputés insolubles. La nouvelle, rapidement démentie par la communauté scientifique, s'est révélée être une mauvaise interprétation : le modèle n'a pas innové, mais a retrouvé des solutions existantes. Un faux pas qui a provoqué les sarcasmes des rivaux et souligné la pression de la hype.

Le week-end dernier, l'écosystème de l'intelligence artificielle a vibré au rythme d'une annonce spectaculaire. Plusieurs chercheurs d'OpenAI, dont le vice-président Kevin Weil, ont déclaré sur X que leur nouveau modèle, GPT-5, avait résolu dix problèmes d'Erdős, des énigmes mathématiques célèbres, et progressé sur onze autres. L'affirmation, si elle avait été exacte, aurait marqué un bond prodigieux dans les capacités de raisonnement des IA.

La douche froide des mathématiciens

La célébration fut de courte durée. Moins d'une journée après les publications triomphantes, Thomas Bloom, le mathématicien qui gère le site web de référence sur les problèmes d'Erdős, a publiquement corrigé le tir.

Il a qualifié l'annonce de dramatique déformation de la réalité. Bloom a patiemment expliqué que les problèmes n'étaient listés comme "ouverts" sur son site que parce qu'il n'avait pas personnellement connaissance de publications les résolvant.

GPT-5 n'avait pas généré de solution nouvelle, mais avait brillamment effectué une recherche bibliographique pour dénicher des articles existants que le spécialiste lui-même ignorait.

Face au rétropédalage, les chercheurs d'OpenAI, comme Sebastien Bubeck, ont supprimé leurs messages tout en tentant de défendre la prouesse technique, soulignant la difficulté d'une telle recherche dans la littérature scientifique.

Une aubaine pour la concurrence

Ce faux pas public n'a pas échappé aux rivaux d'OpenAI, qui se sont empressés de commenter l'affaire avec un certain plaisir. Demis Hassabis, le PDG de Google DeepMind, a qualifié la situation de simplement gênante sur X. Le commentaire est d'autant plus piquant que sa propre entreprise avait récemment validé une véritable avancée en mathématiques.

Yann LeCun, scientifique en chef de l'IA chez Meta, a été encore plus caustique avec une formule cinglante : "Hoisted by their own GPTards", un jeu de mots suggérant qu'OpenAI était victime de sa propre machine à communication.

Ces piques publiques illustrent la compétition féroce qui règne dans un secteur où l'image et la perception comptent presque autant que la technologie elle-même.

Entre pression et véritable potentiel

L'incident met en lumière la pression colossale qui pèse sur les épaules d'OpenAI pour maintenir son image de leader incontesté. Après une période de turbulences internes, la nécessité d'annoncer des percées est palpable, quitte à parfois manquer de rigueur dans la vérification.

Ironiquement, cette maladresse éclipse les réels progrès de l'entreprise, comme l'obtention d'une médaille d'or virtuelle aux Olympiades Internationales de Mathématiques quelques mois plus tôt.

L'épisode démontre finalement le véritable atout actuel de modèles comme GPT-5 : non pas la création de savoir inédit, mais une capacité surpuissante à agir comme un assistant de recherche, capable de naviguer dans des corpus académiques denses pour accélérer le travail des humains.

Alors que la course vers l'intelligence artificielle générale s'intensifie, cette affaire rappelle que la validation scientifique rigoureuse reste, plus que jamais, une étape non négociable avant toute annonce.