La hache de guerre est de nouveau déterrée entre Opera et Microsoft. L'éditeur norvégien a officiellement déposé une plainte contre le géant américain auprès de l'autorité de la concurrence brésilienne.

Au cœur du litige se trouve le navigateur Microsoft Edge que le groupe de Redmond est accusé de favoriser de manière déloyale sur son système d'exploitation Windows.

Des accusations de manipulation

Pour Opera, le constat est sans appel. Microsoft déploierait un arsenal de techniques pour maintenir les utilisateurs dans son écosystème. La plainte dénonce des pratiques jugées anticoncurrentielles, à commencer par la préinstallation d'Edge comme navigateur par défaut sur les appareils Windows.

Le créateur de Windows est aussi pointé du doigt pour inciter financièrement les fabricants de PC à ne pas proposer d'alternatives, et d'user de tactiques de design manipulatrices (dark patterns).

Les exemples cités sont des bannières et messages qui apparaissent pour décourager l'utilisateur au moment même où il cherche à télécharger un navigateur concurrent depuis Edge, l'ignorance pure et simple du choix de navigateur par défaut de l'utilisateur pour certaines actions, comme l'ouverture de fichiers PDF ou de liens reçus par e-mail.

Un air de déjà-vu

Ce conflit n'est pas sans rappeler une précédente bataille. En 2007, Opera avait déjà déposé une plainte similaire en Europe contre Microsoft pour avoir lié Internet Explorer à Windows. Cette action avait abouti à une amende de 561 millions d'euros et à l'obligation pour Microsoft de mettre en place un écran de choix du navigateur.

Plus récemment, Opera a contesté devant les tribunaux de l'UE la décision de ne pas désigner Edge comme « gatekeeper » (contrôleur d'accès) dans le cadre de la réglementation Digital Markets Act (DMA).

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Le Brésil comme nouveau champ de bataille

Le choix du Brésil pour la nouvelle offensive d'Opera n'est pas anodin. Il s'agit d'un marché majeur pour Opera, où son navigateur est le troisième plus populaire sur ordinateur de bureau avec 6,8 % de parts de marché, derrière les 11,5 % de Microsoft Edge et Google Chrome à 75 %, d'après les chiffres de Statcounter.

Directeur juridique d'Opera, Aaron McParlan déclare : « Microsoft entrave la concurrence entre navigateurs sur Windows à chaque occasion. D'abord, des navigateurs comme Opera sont exclus d'importantes opportunités de présintallation. Ensuite, Microsoft complique la tâche des utilisateurs qui souhaitent télécharger et utiliser des navigateurs alternatifs. »

Il ajoute que : « Le combat pour la liberté numérique est mondial, et nous prenons cette initiative au nom des millions d'utilisateurs brésiliens à qui l'on refuse un véritable choix. » Opera espère que les autorités brésiliennes imposeront des mesures correctives. Elles sont déjà largement une réalité en Europe.