C'est une nouvelle qui a l'allure d'une douche froide pour l'écologie. La guérison de la couche d'ozone, l'un des plus grands succès environnementaux de l'histoire, a un effet secondaire majeur et jusqu'ici sous-estimé : elle accélère le réchauffement climatique. Une étude menée par l'Université de Reading et publiée dans la revue Atmospheric Chemistry and Physics recalcule l'impact de l'ozone et le place comme un acteur de premier plan du changement climatique à venir.
Quel est l'ampleur de cet effet de réchauffement inattendu ?
L'étude est formelle : d'ici 2050, l'ozone contribuera à un réchauffement additionnel de 0,27 watts par mètre carré. Ce chiffre, qui peut paraître abstrait, est en réalité colossal.
Il propulse l'ozone au rang de deuxième plus grand contributeur au réchauffement futur, juste derrière l'intouchable dioxyde de carbone. Concrètement, cela représente une augmentation de 40% par rapport aux estimations précédentes.
Pourquoi la guérison de la couche d'ozone réchauffe-t-elle la planète ?
Le mécanisme est un paradoxe scientifique. En interdisant les gaz CFC via le Protocole de Montréal, l'humanité a sauvé la couche d'ozone stratosphérique qui nous protège des rayons UV. C'était une double victoire espérée, car les CFC sont aussi de puissants gaz à effet de serre.
Cependant, en se reconstituant, la couche d'ozone piège elle-même davantage de chaleur dans l'atmosphère. Cet effet de serre naturel de l'ozone est si puissant qu'il vient annuler la plupart des bénéfices climatiques que l'on attendait de la suppression des CFC.
Faut-il alors regretter d'avoir sauvé la couche d'ozone ?
Absolument pas, insistent les chercheurs. La protection contre les rayons ultraviolets reste une nécessité vitale pour prévenir les cancers de la peau et protéger les écosystèmes.
Cette étude ne remet pas en cause le bien-fondé du Protocole de Montréal. Elle sonne plutôt comme un avertissement : les politiques climatiques doivent être urgemment mises à jour pour intégrer ce réchauffement additionnel et inévitable, un facteur jusqu'ici largement sous-estimé.
Foire Aux Questions (FAQ)
Quelle est la différence entre le "bon" et le "mauvais" ozone ?
Le "bon" ozone est celui qui se trouve dans la haute atmosphère (stratosphère). Il forme la couche qui nous protège des rayons UV du soleil. Le "mauvais" ozone est celui qui se forme près du sol à cause de la pollution de l'air (voitures, usines). Il est nocif pour la santé et contribue aussi au réchauffement.
L'interdiction des CFC a-t-elle encore un intérêt pour le climat ?
Oui, mais bien moins que ce que l'on pensait. Les CFC sont des gaz à effet de serre très puissants. Leur interdiction a donc bien eu un effet positif. Cependant, cet effet est largement contrebalancé par le réchauffement causé par la reconstitution de la couche d'ozone qu'ils détruisaient.
Peut-on lutter contre ce réchauffement lié à l'ozone ?
En partie. Lutter contre la pollution de l'air permet de réduire la formation d'ozone au niveau du sol. Cependant, la reconstitution de la couche d'ozone dans la stratosphère est un processus qui se poursuivra pendant des décennies et son effet réchauffant est donc inévitable.