C'est une autre illustration significative de l'effet désastreux de la mauvaise qualité de l'air sur notre bien-être neurologique. Une vaste étude publiée dans la prestigieuse revue Science démontre qu'une exposition prolongée aux particules fines (PM2,5) augmente significativement le risque de développer une démence à corps de Lewy.
Cette maladie, qui emprunte des symptômes à Alzheimer et Parkinson, est un fléau dont les causes restaient jusqu'ici mal comprises.
Comment la pollution de l'air s'attaque-t-elle au cerveau ?
La pollution de l'air agit comme un déclencheur insidieux. Les chercheurs ont analysé les dossiers de 56,5 millions de patients américains et ont constaté une corrélation nette : plus l'exposition aux PM2,5 est longue, plus le risque de développer une démence à corps de Lewy augmente.
Ces particules, suffisamment petites pour passer des poumons au sang, atteignent le cerveau et y favorisent l'accumulation d'une protéine nommée "alpha-synucléine". Normalement essentielle, cette protéine, lorsqu'elle se replie mal, forme des amas toxiques – les fameux corps de Lewy – qui détruisent les cellules nerveuses.
Quelle est la preuve scientifique de ce mécanisme ?
Pour confirmer leurs observations épidémiologiques, les scientifiques ont mené des expériences sur des souris. Après avoir exposé des rongeurs à des particules fines PM2,5 de manière répétée pendant dix mois, ils ont observé une mort des cellules nerveuses, un rétrécissement du cerveau et un déclin cognitif.
Fait crucial, l'expérience a été répétée sur des souris génétiquement modifiées pour ne pas produire d'alpha-synucléine : celles-ci n'ont été quasiment pas affectées. Cette expérience apporte la preuve du mécanisme biologique : ce n'est pas la pollution seule qui est toxique, mais bien sa capacité à déclencher la formation de ces agrégats protéiques dévastateurs.
Quelles sont les implications pour la santé publique ?
Les implications de cette découverte pour la prévention de la démence à corps de Lewy sont considérables.
"Nous pensons qu'il s'agit d'un facteur déterminant de la démence", affirme Ted Dawson, co-directeur de la recherche.
Contrairement à l'âge ou à la génétique, la pollution de l'air est un facteur de risque sur lequel il est possible d'agir collectivement. Réduire les émissions industrielles, le trafic automobile ou encore la combustion de bois n'est plus seulement un enjeu environnemental, mais une urgence de santé publique pour protéger nos cerveaux et potentiellement réduire l'incidence de ces maladies neurodégénératives.
Foire Aux Questions (FAQ)
Qu'est-ce que la démence à corps de Lewy ?
C'est la deuxième forme de démence neurodégénérative la plus fréquente après la maladie d'Alzheimer. Elle se caractérise par des troubles cognitifs, des hallucinations visuelles et des symptômes moteurs similaires à ceux de la maladie de Parkinson. Elle est causée par l'accumulation de dépôts de la protéine alpha-synucléine dans les neurones.
Les particules fines PM2,5 sont-elles les seules dangereuses ?
Cette étude se concentre spécifiquement sur les PM2,5 en raison de leur capacité à pénétrer profondément dans l'organisme. Néanmoins, la pollution atmosphérique est un mélange complexe d'autres substances polluantes (oxydes d'azote, ozone, etc.) dont les impacts sur la santé neurologique sont également l'objet de multiples études.
Est-il possible de diminuer son risque personnel ?
Bien que la bataille contre la pollution soit essentiellement collective, des actions individuelles peuvent contribuer à réduire l'exposition : le recours à des purificateurs d'air, l'évitement d'exercices physiques intensifs en plein air lors des pics de pollution et la consultation des indices de qualité de l'air pour ajuster ses trajets.