L'entreprise Quantinuum dévoile Helios, son nouvel ordinateur quantique. Avec 98 qubits interconnectés et une précision record, il promet de surpasser les supercalculateurs classiques sur des tâches complexes.
L'informatique quantique promet depuis longtemps de résoudre des problèmes hors de portée des machines les plus puissantes. Cependant, la sensibilité extrême des bits quantiques, ou qubits, a toujours été leur talon d'Achille, introduisant des erreurs qui corrompent les calculs. C'est sur ce terrain que Quantinuum entend changer la donne avec son nouveau système, baptisé Helios.
Une précision qui défie l'entendement
Héritier du modèle H2, Helios double quasiment la mise avec 98 qubits entièrement connectés entre eux. Mais sa véritable force réside dans sa fidélité, c'est-à-dire sa capacité à effectuer des opérations sans erreur.
Quantinuum annonce des chiffres qui établissent un nouveau standard : une fidélité de 99,9975 % pour les portes logiques à un seul qubit et de 99,921 % pour celles à deux qubits. C'est tout simplement la plus haute précision record jamais rapportée pour un système commercial.
Pour illustrer cette avancée, l'entreprise a soumis Helios à un test de performance utilisé par Google pour démontrer l'avantage quantique. Le résultat est sans appel : un supercalculateur classique mettrait des milliards d'années à reproduire le calcul, alors qu'Helios l'a accompli en consommant l'énergie d'une seule baie de serveurs.
Quelle est l'architecture derrière cette performance ?
Cette prouesse repose sur des choix technologiques audacieux. Helios abandonne les qubits à base d'ytterbium pour adopter des qubits de baryum.
Ce changement permet d'utiliser des lasers à lumière visible, moins coûteux et plus fiables que les ultraviolets, tout en facilitant la détection et la correction de certains types d'erreurs atomiques. La qualité des calculs s'en trouve ainsi grandement améliorée.
La pierre angulaire du système est son architecture à piège à ions QCCD (Quantum Charged Coupled Device). Cette conception, qui aurait vu le jour sur un coin de nappe selon une anecdote interne, permet de gérer les qubits avec une efficacité redoutable.
Le refroidissement, le tri et le calcul peuvent se dérouler en parallèle, optimisant à la fois la vitesse et la justesse des opérations.
Au-delà du laboratoire, des applications bien réelles
Quantinuum positionne Helios comme un outil prêt pour des applications concrètes, c'est à dire capables de résoudre autre chose que des problèmes mathématiques théoriques conçus pour eux et servant de benchmarks.
Un moteur de contrôle en temps réel permet de combiner calculs quantiques et classiques au sein d'un même programme, offrant une flexibilité inédite aux développeurs.
Cette approche hybride est renforcée par un partenariat stratégique avec NVIDIA, intégrant Helios aux processeurs Nvidia GB200 pour accélérer la correction d'erreurs et le développement d'IA génératives quantiques.
Plusieurs grands noms ont déjà eu un accès anticipé à la machine. La banque d'affaires JPMorgan Chase explore son potentiel pour l'analyse financière, le groupe nippon SoftBank l'utilise pour la recherche sur les matériaux de batteries nouvelle génération et le groupe BMW s'en sert pour simuler des catalyseurs de piles à combustible.
Ces collaborations prouvent qu'Helios n'est plus un simple objet de recherche fondamentale, mais une plateforme conçue pour générer un impact industriel mesurable.
En devenant un outil essentiel pour la science des matériaux, la finance ou la découverte de médicaments, cet ordinateur quantique sera-t-il enfin le catalyseur qui fera basculer l'informatique quantique dans une ère d'utilité commerciale ?