L’industrie quantique franchit aujourd’hui une étape importante : pour la première fois, un ordinateur quantique complet, fabriqué selon les processus industriels du silicium CMOS (Complementary Metal-Oxide-Semiconductor), vient d’être livré.
Cette annonce de Quantum Motion, entreprise britannique installée à Londres, marque un changement de paradigme et s’inscrit comme une percée aux conséquences potentielles pour une partie de l’industrie du calcul avancé.
Une nouvelle ère pour l’informatique quantique
Jusqu’à présent, la fabrication des ordinateurs quantiques reposait sur des méthodes spécifiques, souvent difficiles à industrialiser à grande échelle. Quantum Motion change la donne : en utilisant la technologie standard CMOS, le même procédé que pour les puces électroniques classiques, et une production sur wafer 300 mm couramment utilisée dans l'industrie, l’entreprise parvient à rendre cette nouvelle génération d’ordinateurs enfin compatible avec la production de masse.
Selon James Palles‑Dimmock, CEO de Quantum Motion : « C’est le moment silicium de l’informatique quantique. Aujourd’hui, nous démontrons qu’il est possible de fabriquer un ordinateur quantique robuste, fonctionnel, et massivement reproductible ».
Cette innovation, déployée pour la première fois au National Quantum Computing Centre (NQCC) du Royaume-Uni, pourrait ainsi rendre l’accès aux machines quantiques bien plus universel et concurrentiel.
Une architecture pensée pour l’évolutivité
Ce premier ordinateur quantique silicium adopte une architecture dite à tuiles : chaque élément de calcul, de lecture et de contrôle est agencé pour pouvoir être dupliqué facilement lors de la fabrication.
Il devient ainsi envisageable d’assembler des systèmes composés de millions de qubits, configuration considérée comme indispensable pour atteindre une véritable « tolérance aux erreurs » et résoudre des problèmes hors de portée du calcul classique.
Cette conception permet non seulement une fabrication évolutive, mais garantit aussi aux centres de données une intégration fluide et des mises à niveau transparentes, sans augmentation de l’encombrement physique.
Des applications à fort impact social et industriel
L’espoir né de cette avancée concerne autant la science que l’industrie. Grâce à l’intégration d’algorithmes de machine learning pour l’autocalibrage et l'exploitation du contrôle, ces ordinateurs sont taillés pour automatiser leur configuration, accélérer leur montée en puissance et s’adapter à de multiples cas d'usage.
Parmi les promesses évoquées : optimiser les réseaux électriques pour une énergie plus verte ou accélérer la découverte de médicaments, deux applications citées comme emblématiques par les décideurs britanniques lors du lancement.
Un tremplin vers la commercialisation massive
Avec le soutien du NQCC et l’obtention de plusieurs projets d’envergure (tels que SiQEC pour la correction d’erreurs ou le Quantum Benchmarking Initiative mené par la DARPA), Quantum Motion vise clairement la disponibilité commerciale avant la fin de la décennie.
« Utiliser les procédés standard du CMOS, qui sous-tendent tous les secteurs modernes, c’est ouvrir la voie à un saut informatique inédit », explique Hugo Saleh, Président et CCO de Quantum Motion.
L’éclosion de ces machines full-stack pourrait bouleverser la recherche en hautes performances, stimuler de nouveaux champs applicatifs et intensifier la concurrence mondiale dans la course au quantique. Les prochaines années promettent donc d’être décisives pour mesurer l’impact réel de ce jalon.
Il ne s'agit cependant ici qu'une façon parmi d'autres d'arriver aux ordinateurs quantiques pratiques. D'autres approches, utilisant d'autres types de qubits et des procédés différents, cherchent également à résoudre les problématiques techniques menant vers une informatique quantique moins purement expérimentale.