L'Union européenne vient de valider par l'intermédiaire du Parlement européen l'arrêt des ventes de véhicules thermiques neufs d'ici 2035 et prépare des mesures pour réduire très fortement les émissions polluantes des poids lourds et des bus d'ici 2040.

Tout ceci s'inscrit dans le cadre du projet de neutralité carbone de l'Europe d'ici 2050 avec l'espoir (de plus en plus faible) d'infléchir les conséquences du réchauffement climatique.

Face à ces échéances et au déploiement des ZFE (Zones à faibles émissions), les ventes de véhicules électriques progressent rapidement en France et en Europe, dépassant les ventes d'un diesel désormais honni après avoir eté encensé durant des années.

Les points de charge, l'autre volet de la mobilité électrique

Pour alimenter la dynamique en faveur des véhicules électriques et hybrides, il faut développer les infrastructures de recharge électrique, au-delà des installations en maisons individuelles.

Le gouvernement a redit son ambition de voir la France dotée de 100 000 points de charge publics dans le courant de l'année, après avoir manqué l'échéance de fin 2022 (un peu de plus de 80 000 points de charges à cette date) et plusieurs initiatives venant des constructeurs automobiles mais aussi de grandes enseignes entendent apporter la densification recherchée.

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Le secteur progresse mais selon des initiatives souvent isolées et déconnectées les unes des autres ce qui pourrait vite aboutir à un magma d'offres hétérogènes, que ce soit en terme de tarifs que de puissance proposée et d'interopérabilité.

Les études montrent en effet que, en dehors des grands axes autoroutiers, les stations de recharge n'offrent très majoritairement que de la charge lente, imposant des temps longs et une occupation prolongée des points de charge.

Organiser un marché naissant

Pour éviter le chaos, l'Autorité de la concurrence s'est auto-saisie pour mener une étude "afin d'évaluer la situation concurrentielle du secteur des IRVE" (réseau d'infrastructures de recharge pour véhicules électriques) et de rendre un avis d'ici 2024 avec des directives pour un déploiement harmonieux des réseaux de points de charge.

Considérant que le déploiement d'infrastructures fiables et denses est "une condition sine qua non  de l'essor et de la pérennité de la mobilité électrique", L'Autorité note que le IRVE doivent aussi "afficher un haut niveau de qualité et de disponibilité" pour offrir aux utilisateurs de véhicules électriques une expérience proche de celle de l'utilisation de véhicules thermiques.

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L'Autorité de la concurrence veut donc mener une analyse du secteur et examiner la dynamique concurrentielle en jeu dans les différents compartiments de ce secteur en expansion rapide.

Il sera intéressant de voir quelle direction prendra la réflexion de l'Autorité. Plaquera-t-elle les usages de mobilité électrique sur ceux des véhicules thermiques avec les mêmes attentes transposées ou fera-t-elle entrer en ligne de compte la nécessaire transformation des habitudes mise en évidence par l'ADEME (Agence de la transition écologique) et prônant le recours à des véhicules électriques compacts et dotés de petites batteries pour les alléger afin de les rendre vertueux tout au long de leur cycle de vie...un peu à l'opposé de ce que proposent la plupart des constructeurs actuellement en multipliant les déclinaisons de SUV électriques à grosse batterie embarquée.

Ces réflexions pourraient justement avoir de grands impacts sur les stratégies d'installation de bornes de recharge, leur puissance et leur tarification.