L'objectif climatique le plus ambitieux de l'Accord de Paris, limiter le réchauffement mondial à 1,5 °C, est désormais considéré comme un seuil impossible à maintenir dans les prochaines années.

Le secrétaire général de l'ONU, Antonio Guterres, a jugé le dépassement "inévitable" face à des engagements nationaux jugés largement insuffisants, tirant la sonnette d'alarme à un mois de la COP30 au Brésil. Il réclame de nouveaux plans d'action audacieux et une mobilisation financière colossale pour les pays en développement.

Le constat est sans appel, posé par la plus haute instance de l'Organisation des Nations unies : l'objectif de contenir le réchauffement de la planète à 1,5 °C par rapport à l'ère préindustrielle (1850-1900), qui constitue le pilier le plus ambitieux de l'Accord de Paris de 2015 à l'issue de la COP21, ne sera pas tenu. Antonio Guterres l'a affirmé sans détour ce mercredi 22 octobre, à un mois du coup d'envoi de la COP30 à Belém, au Brésil.

Selon les dernières données de l'observatoire européen Copernicus, le climat est d'ores et déjà en moyenne 1,4 °C plus chaud aujourd'hui, marquant une proximité critique avec ce seuil.

De nombreux scientifiques s'accordent d'ailleurs sur le fait que ce niveau sera très probablement atteint avant la fin de cette décennie, alors que l'humanité continue de brûler massivement des combustibles fossiles.

Des engagements nationaux insuffisants face au danger

Les derniers plans nationaux visant à réduire les émissions de carbone sont jugés très loin de l'objectif de 1,5 °C par le chef de l'ONU. Un tel dépassement aurait des conséquences qualifiées de "dévastatrices".

Les Nations unies évaluent actuellement ces plans, dont beaucoup manquent encore à l'appel, qui doivent fixer un objectif de réduction d'ici 2035 et détailler la marche à suivre.

Canicule 03

D'après M. Guterres, les engagements couvrant 70 % des émissions mondiales n'entraîneraient qu'une réduction d'environ 10 % de la pollution carbone d'ici 2035.

Or, pour avoir une chance viable de limiter le réchauffement à 1,5 °C (même avec un dépassement limité), le Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat (Giec) estime que les émissions doivent impérativement baisser de 60 % d'ici 2035, en comparaison des niveaux de 2019. L'écart entre l'ambition nécessaire et les actions concrètes est abyssal.

L'urgence d'une ambition décuplée et de financements massifs

Face à une multiplication des phénomènes extrêmes qui mène "notre planète au bord du gouffre", Antonio Guterres a réclamé une ambition bien plus grande. Il a appelé les gouvernements à soumettre de nouveaux plans d'action nationaux "audacieux" pour le climat en vue de la COP30.

terre

Les scientifiques rappellent en effet l'importance cruciale de contenir le réchauffement le plus possible, chaque fraction de degré supplémentaire augmentant les risques, des vagues de chaleur à la destruction de la vie marine. Limiter le réchauffement à 1,5 °C plutôt qu'à 2 °C permettrait de circonscrire significativement les conséquences les plus catastrophiques, selon le Giec.

Contre la désinformation climatique : un rôle essentiel de la science

Dans un contexte de forte défiance, le secrétaire général de l'ONU a également ciblé la désinformation et le "greenwashing" comme des freins majeurs à l'action. Il a insisté sur l'impératif de "lutter contre la désinformation, le harcèlement en ligne et le greenwashing" partout dans le monde.

La science et les données climatiques "lucides" ont été déterminantes pour comprendre la "menace dangereuse et existentielle du changement climatique". Pour Guterres, les énergies renouvelables représentent la seule voie crédible pour mettre fin à la destruction inexorable de notre climat.

Il a par ailleurs demandé aux pays de la COP30 de s'entendre sur un plan crédible afin de mobiliser 1 300 milliards de dollars par an de financement climatique d'ici 2035 pour les pays en développement.