Le coup de chaleur observé le 21 juin dans toute la France a rappelé cruellement les conséquences d'un changement climatique si les températures moyennes se maintenaient durablement au-dessus des seuils établis par le GIEC et les COP.

En 2015, les Accords de Paris avaient validé le seuil optimiste de +1,5 degré au-dessus des moyennes pré-industrielles pour maintenir un climat similaire à celui connu ces dernières décennies et un seuil de référence à +2 degrés qui n'éviterait pas des conséquences climatiques fortes.

Les hausses de température observées ces trois dernières années suggèrent que le réchauffement climatique va plus vite que les valeurs modérées des modélisations et tend plutôt vers les valeurs hautes des scénarios étudiés.

La limite de +1,5 degré déjà perdue

L'année 2024 est déjà la première année à avoir frôlé ou dépassé (selon les organisations météorologiques) dans son ensemble +1,5 degré et tout semble annoncer que les années chaudes vont se multiplier rapidement.

Une étude publiée le 19 juin dans la revue Earth System Science Data par un collectif de scientifiques du CEA, du CNRS, de Météo-France et de Mercator Ocean International, dont certains issus du groupe du GIEC, ont de nouveau indiqué qu'il est sans doute trop tard pour espérer pouvoir se maintenir dans la limite de +1,5 degré fixée par les Accords de Paris en 2015.

rechauffement climatique OMM

L'objectif "n'est désormais plus atteignable" et tous les indicateurs du réchauffement sont au rouge. Les émissions de gaz à effet de serre avaient atteint un record en 2023 avec 55 milliards de tonnes de CO2 équivalent et les données préliminaires pointent vers une nouvelle hausse en 2024.

Ces augmentations fragilisent le budget carbone de l'humanité, c'est à dire la quantité de GES (gaz à effet de serre) qu'elle peut émettre avant d'arriver aux limites d'un seuil à +1,5 degré ou de +2 degrés.

Or la limite des GES pour maintenir les températures moyennes à +1,5 degré est désormais très proche (150 milliards de tonnes d'émissions) puisqu'il serait épuisé dans les trois années à venir, ce qui fait dire aux scientifiques que, dans les conditions actuelles, ce seuil a désormais de très grandes chances d'être dépassé.

Le seuil des +2 degrés lui aussi menacé

La limite à +2 degrés laisse forcément un peu plus de marge mais les scientifiques relèvent qu'elle ne résistera pas bien longtemps non plus. Or, ce second seuil est celui qui pourrait entraîner une multiplication des catastrophes naturelles de grande ampleur (sécheresse intense, inondations très sévères, ouragans dévastateurs...), avec de très lourdes conséquences pour une bonne partie de l'humanité. Il faudrait dès cette année réduire de 5% les émissions par an pour espérer tenir le seuil de +2 degrés.

changement climatique meteo france juin 2025

Pour les auteurs de l'étude, le réchauffement observé en 2024 est en majorité dû aux activités humaines. Elle est estimée à +1,36 degré sur l'ensemble des +1,52 degré enregistrés.

Ce réchauffement impacte les températures moyennes mais aussi la hausse du niveau de la mer, entre hausse de température (et de volume) des océans et fonte des glaces sur les continents.