Le constructeur de la Twingo, futur fabricant de drones de combat ? L'idée, qui agite les usines depuis des mois, prend une tournure très officielle. Sollicité en juin par le ministère des Armées pour participer à l'effort de guerre, notamment pour l'Ukraine, Renault a dû clarifier sa position.

Face aux inquiétudes grandissantes de ses équipes, le groupe a diffusé une note interne ce mercredi 24 septembre, confirmant "étudier la possibilité de mettre son savoir-faire industriel au service de projets de défense".

Pourquoi cette communication interne maintenant ?

L'annonce initiale de l'ancien ministre des Armées, Sébastien Lecornu, avait jeté un pavé dans la mare. Évoquant un "partenariat complètement inédit", il avait désigné sans le nommer un grand constructeur automobile pour produire des drones en masse.

Depuis, un malaise s'est installé chez les salariés de Renault, peu habitués à l'idée de basculer dans une économie de guerre. La note interne est donc une opération de déminage visant à rassurer et à préparer le terrain, même si le document insiste sur le fait que les discussions "sont toujours en cours" et que rien n'est encore acté.

Quelles sont les conditions posées par Renault ?

Pas question d'un chèque en blanc. Renault pose des conditions claires avant de se lancer : le projet devra se faire "sous l’égide du ministère des Armées", en partenariat avec des industriels français du secteur, et surtout, être "centré sur la France".

Le constructeur insiste sur le fait que cette diversification ne doit pas affecter sa capacité d'investissement dans son cœur de métier, l'automobile, et doit avoir un "impact positif sur l'activité" de ses sites français. Pour justifier cette démarche, la direction cite en exemple le virage pris par des industriels allemands comme KNDS ou la famille Porsche, qui investissent massivement dans la défense.

Quels sont les risques et les opportunités pour le groupe ?

Dans sa note, Renault pèse le pour et le contre. Côté opportunités, le groupe y voit une chance de valoriser son savoir-faire industriel, de trouver un complément d'activité rentable pour ses usines françaises et d'ouvrir la voie à de futures applications civiles.

Mais les risques sont tout aussi importants. Le document évoque trois "points de vigilance" majeurs : la sécurité physique des sites, la cybersécurité et les campagnes de désinformation, mentionnant que l'entreprise est déjà la cible de "trolls russes" depuis les premières annonces. Un virage vers l'armement ferait également une croix définitive sur un éventuel retour en Russie.

Foire Aux Questions (FAQ)

Renault va-t-il construire des drones directement en Ukraine ?

Non, le constructeur a été très clair sur ce point. Si un projet de production d'armement se concrétise, il sera entièrement réalisé sur ses sites industriels en France. L'idée initiale d'armer des lignes de production en Ukraine, évoquée par le gouvernement, ne semble plus être la piste privilégiée par le groupe.

Cette nouvelle activité va-t-elle remplacer la production de voitures ?

Renault assure que non. La note interne précise que le groupe "ne vise pas à devenir un acteur majeur de la défense", mais simplement à apporter son expertise sur des projets ciblés. L'automobile doit rester le cœur de métier de l'entreprise.

Quelle est la position des syndicats ?

Les syndicats sont divisés. La CGT s'oppose fermement au projet, estimant qu'il dévie Renault de son métier d'origine. La CFDT se montre vigilante, tandis que Force Ouvrière (FO) y voit une opportunité pour préserver l'emploi et l'activité sur les sites français, dans un contexte automobile jugé morose.