En prévision de la présentation des résultats financiers trimestriels de Research in Motion, les analystes rivalisaient depuis quelques jours de formules défaitistes pour le fabricant canadien qui traverse une période difficile.

C'est pour la première fois Thorsten Heins qui était aux commandes de la présentation, nouveau CEO du groupe après la mise en retrait des deux co-CEO (et fondateurs) Mike Lazaridis et Jim Balsillie. Il tente de remettre de réorganiser la société et de préparer l'arrivée fin 2012 de BlackBerry 10, la prochaine évolution de la plate-forme mobile qui doit lui permettre de se relancer...s'il n'est pas déjà trop tard.

La société a réalisé un chiffre d'affaires de 4,2 milliards de dollars pour son dernier trimestre fiscal 2012, en baisse de 25% par rapport à l'an dernier, avec une perte nette de 125 millions de dollars, contre un bénéfice de 934 millions de dollars il y a un an, plombée par des charges exceptionnelles.

RIM a écoulé 11,1 millions de smartphones BlackBerry et plus de 500 000 tablettes PlayBook, le volume pour ces dernières ayant repris des couleurs après les grosses promotions tarifaires et l'arrivée de la mise à jour PlayBook OS 2.0.

Sur l'ensemble de son année fiscale, RIM a généré un chiffre d'affaires de 18,4 milliards de dollars ( contre 19,9 milliards de dollars durant l'exercice fiscal 2011 ) et un bénéfice net de 1,2 milliard de dollars ( contre 3,4 milliards de dollars l'an passé ).


Le haut de gamme grand public, un segment trop compliqué
En même temps que les résultats, ce sont trois membres importants de la direction qui ont annoncé leur départ. Parmi eux, on trouve Jim Balsillie, ex-CEO et co-fondateur de la société, qui était resté membre du conseil d'administration, mais aussi le directeur technique pour la plate-forme logicielle David Yach et le directeur général Jim Rowan.

Thorsten Heins, qui promettait en arrivant à son poste, de ne pas changer la stratégie du groupe en profondeur, a indiqué depuis qu'il ne pouvait éviter une réorientation profonde après avoir évalué le fonctionnement interne de la société.

RIM devrait notamment revenir à un axe stratégique plus tourné vers ses premières amours, à savoir le marché professionnel, après plusieurs années de diversification vers le marché grand public qui n'ont pas permis aux smartphones BlackBerry haut de gamme de percer face à l'iPhone et aux nombreux appareils Android. Le fabricant devrait cependant rester présent sur le segment grand public, avec des offres ciblant des créneaux bien définis.

Plutôt que d'essayer de toucher à tous les marchés, Thorsten Heins propose de se concentrer de nouveau sur ce qui a fait son succès. Il a également souligné que l'hypothèse d'une absorption de RIM par un concurrent était possible même si ce n'est pas une option privilégiée par la direction.

Ces différents éléments n'ont pas totalement convaincu les analystes qui estiment que les changements de stratégie annoncés sont encore trop timides, même s'ils valent mieux que le statu quo imposé par les deux co-CEO précédents.