Le changement à la tête de la direction du fabricant Research in Motion, souhaité par les actionnaires depuis huit mois a finalement eu lieu. L'organisation bicéphale et concentratrice représentée par les co-fondateurs Mike Lazaridis et Jim Balsillie, qui cumulaient les postes de directeur général et de président du conseil, vient d'être abandonnée.

L'effondrement du cours en bourse, sous la pression de la concurrence et faute de proposer des perspectives avenantes, aura donc finalement eu raison des deux dirigeants qui, jusqu'au dernier moment, ont misé sur la future plate-forme BlackBerry 10 comme planche d'un salut que nombre d'analystes voient d'un oeil critique.

La panne géante des services durant plusieurs jours au mois d'octobre 2011, au moment même du lancement de l'iPhone 4S d'Apple, a sérieusement écorné une image de marque qui souffrait déjà de la comparaison avec les plates-formes concurrentes iOS et Android tandis que la conquête du marché des tablettes tactiles avec la PlayBook n'a pas donné les résultats escomptés.


Nouveaux dirigeants à la tête de RIM

Ces dernières semaines, les rumeurs de cession ou de séparation de ses activités ont largement circulé tandis qu'un rapport interne devait évaluer la pertinence d'une séparation des pouvoirs à la tête du groupe. Soumis à une très forte pression aggravée par la chute continue du cours en bourse, les deux co-CEO choisissent finalement de quitter leurs fonctions.

Ils sont remplacés au poste de CEO par Thorsten Heins, jusque-là directeur des opérations, et à celui de président du conseil par Barbara Stymiest, comme cela avait été pressenti précédemment. Les deux hommes restent cependant impliqués dans la direction, Mike Lazaridis prenant le poste de vice-président du conseil et Jim Balsillie en y siégeant.

Cette réorganisation est saluée comme le point de départ d'une nouvelle ère BlackBerry, en attendant l'arrivée de PlayBook OS 2.0 et des premiers smartphones sous BlackBerry 10, attendus au second semestre 2012, mais la tâche s'annonce difficile pour retrouver le lustre des dernières années, à l'heure où iOS et Android ont pris une solide avance et verrouillent le marché.

Avec cette redistribution des rôles, les candidats potentiels à un rachat de tout ou partie du fabricant canadien pourraient revenir à la charge pour tenter une bonne opération tant que la valeur de Research in Motion reste affaiblie.