L'Université de Glasgow, en Écosse, est au cœur d'une avancée technologique qui pourrait bien transformer le quotidien des personnes aveugles ou malvoyantes. Des chercheurs de son école d'informatique (School of Computing Science) ont mis au point un prototype de chien robot guide, parfois surnommé "Robbie" dans certaines communications, conçu spécifiquement pour assister les personnes atteintes de handicap visuel dans leurs déplacements. S'appuyant sur l'intelligence artificielle et une panoplie de capteurs, cet automate quadrupède ne se contente pas de reproduire les fonctions d'un chien guide traditionnel ; il ambitionne de les surpasser en offrant des capacités étendues et une interaction inédite, notamment grâce à la parole.
Robbie : plus qu'un simple chien robotique
Depuis des décennies, les chiens guides sont des compagnons indispensables pour de nombreuses personnes aveugles ou malvoyantes, leur offrant autonomie et sécurité. Cependant, la formation de ces animaux est longue, coûteuse, et tous les chiens ne parviennent pas au bout du processus. De plus, leur "carrière" est limitée dans le temps. C'est dans ce contexte que s'inscrit le projet de l'Université de Glasgow. Le robot guide vise à offrir une alternative ou un complément fiable et constant. L'un des arguments avancés est sa capacité à fonctionner sans fatigue et avec une régularité sans faille. Contrairement à un animal, le robot ne nécessite pas de périodes de repos, de nourriture ou de soins vétérinaires. Il pourrait représenter une solution plus accessible et disponible pour un plus grand nombre d'utilisateurs potentiels, dépassant certaines limitations inhérentes au recours à des animaux vivants.
Une navigation intelligente dopée à l'IA et aux capteurs
Le cœur technologique de ce chien robot réside dans sa capacité à percevoir et interpréter son environnement en temps réel. Il est équipé d'une multitude de capteurs (caméras, potentiellement LiDAR ou d'autres systèmes de détection de distance) qui lui fournissent une vision à 360 degrés de ce qui l'entoure. Ces données brutes sont ensuite traitées par des algorithmes d'intelligence artificielle sophistiqués.
Ces algorithmes permettent au robot de :
- Cartographier son environnement immédiat.
- Identifier et éviter les obstacles fixes (murs, poteaux, mobilier urbain) et mobiles (passants, vélos).
- Comprendre la nature du terrain (trottoirs, routes, escaliers).
- Planifier des itinéraires sûrs et efficaces d'un point A à un point B.
Cette perception augmentée pourrait, selon les chercheurs, offrir un niveau de détail et une anticipation supérieurs à ceux d'un chien guide, notamment dans des environnements complexes ou changeants. Le robot serait capable d'analyser des scènes complexes et de prendre des décisions de navigation éclairées pour garantir la sécurité de son utilisateur.
L'interaction vocale, un atout majeur ?
Une des caractéristiques les plus remarquables mentionnées est la capacité du robot à interagir vocalement avec son utilisateur. Alors qu'un chien guide communique principalement par le biais du harnais et de mouvements physiques, Robbie pourrait dialoguer. Cette interface vocale ouvre de nouvelles possibilités :
- Le robot pourrait annoncer les obstacles à venir ou les changements de direction ("Attention, escalier dans 3 mètres", "Nous tournons à droite au prochain croisement").
- Il pourrait fournir des informations contextuelles sur l'environnement ("Magasin de vêtements sur votre gauche", "Passage piéton devant nous").
- L'utilisateur pourrait lui donner des instructions verbales simples ("Trouve la boulangerie la plus proche", "Ramène-moi à la maison").
Cette communication bidirectionnelle promet une expérience de guidage plus riche et plus informative, donnant à l'utilisateur une meilleure compréhension de son environnement et un contrôle plus direct sur son déplacement. C'est une différence notable par rapport à d'autres robots quadrupèdes comme Spot de Boston Dynamics, qui sont généralement contrôlés via une tablette et ne sont pas nativement conçus pour ce type d'interaction guide/utilisateur.
Vers une alternative aux chiens guides traditionnels ?
L'ambition affichée est claire : proposer une solution qui pourrait non seulement égaler, mais potentiellement surpasser les capacités des chiens guides. Les avantages technologiques sont tangibles : endurance, précision de la navigation autonome grâce aux capteurs multiples, capacité à intégrer des informations numériques (cartes, horaires de transport), interaction vocale.
Cependant, le chemin vers une adoption large est encore long. Des questions subsistent quant au coût final de tels robots, à leur robustesse en conditions réelles (intempéries, vandalisme), à leur autonomie énergétique et, surtout, à l'acceptation sociale et à l'attachement émotionnel. Le lien unique qui se crée entre une personne malvoyante et son chien guide est une dimension que la technologie aura du mal à répliquer.
Néanmoins, le projet Robbie de l'Université de Glasgow représente une avancée significative et prometteuse. Il explore comment la robotique et l'IA peuvent être mises au service de l'autonomie et de la qualité de vie des personnes en situation de handicap, en ouvrant la voie à de nouvelles formes d'assistance personnalisée et intelligente.