C'est une première mondiale qui pourrait changer la façon dont nous comprenons et anticipons les tempêtes les plus violentes de la planète. Le 28 septembre, un petit véhicule de surface sans équipage (USV), baptisé C-Star, a réussi à pénétrer dans le mur de l'œil de l'ouragan de catégorie 5 Humberto et à en transmettre des données en direct.

Cet exploit, fruit d'une collaboration entre la NOAA américaine, la société de robotique britannique Oshen et l'Université du Sud du Mississippi, valide l'idée que des flottes de petits robots agiles et peu coûteux sont la clé pour percer les secrets des phénomènes météorologiques les plus extrêmes.

Comment ce petit robot a-t-il pu survivre à des vents de plus de 240 km/h ?

Le robot océanique C-Star est un concentré de technologie dans un format ultra-compact. Long de seulement 1,2 mètre, il est propulsé par le vent et ses capteurs sont alimentés par l'énergie solaire. Il est conçu pour mesurer en continu les conditions à la surface de l'océan : vitesse et direction du vent, température de l'air et de la mer, pression atmosphérique... et transmet ces informations toutes les deux minutes par satellite.



Lors de sa mission au cœur d'Humberto, l'un des trois C-Star déployés a enregistré des rafales de vent dépassant les 240 km/h et une pression atmosphérique minimale de 955 millibars. La combinaison de cette chute de pression avec une augmentation de la luminosité mesurée par ses capteurs a confirmé que le robot avait bien traversé le mur de l'œil pour atteindre le bord de l'œil de l'ouragan, une zone de calme relatif au centre du chaos.

Quel est l'intérêt stratégique de cette mission ?

L'enjeu est colossal pour la prévision des ouragans. Les données recueillies à l'interface air-mer sont absolument cruciales pour affiner les modèles de prédiction, mais elles sont aussi les plus dangereuses et difficiles à obtenir. Le succès du C-Star valide une nouvelle approche : le déploiement de flottes de "multiples capteurs à bas coût" capables d'assurer une surveillance constante sur de vastes zones.

La rapidité de déploiement est un autre atout majeur. L'équipe a prouvé son agilité en repositionnant deux autres C-Star en moins de 48 heures pour suivre l'ouragan Imelda, démontrant qu'il est possible de réagir en temps réel à l'évolution des tempêtes. C'est une rupture logistique par rapport aux navires de recherche traditionnels, lourds et lents à manœuvrer.

Cette technologie va-t-elle vraiment changer la donne ?

La transmission de données en temps réel depuis le cœur de la tempête est ce qui rend cette mission si exceptionnelle. Les informations recueillies par le C-Star ont été immédiatement utilisées par les prévisionnistes du Centre National des Ouragans (NHC) de la NOAA et intégrées dans les discussions officielles sur la trajectoire d'Humberto. Pour Greg Foltz, océanographe à la NOAA, cela "ouvre la possibilité d'une utilisation plus routinière des C-Stars pour la collecte de données sur les ouragans à l'avenir".



Pour la PDG d'Oshen, Anahita Laverack, cette performance a "dépassé les attentes" et confirme le bien-fondé de leur concept. En transformant une zone quasi inaccessible en un champ de données exploitables, ces petits robots pourraient devenir un outil indispensable pour mieux anticiper l'intensité des ouragans, améliorer les alertes et, à terme, sauver des vies.

Foire Aux Questions (FAQ)

Qu'est-ce qu'un C-Star exactement ?

Le C-Star est un véhicule de surface sans équipage (Uncrewed Surface Vehicle - USV) de petite taille (1,2 mètre). Il est conçu pour être particulièrement résilient. Il se déplace grâce à la force du vent, à la manière d'un voilier, et ses instruments électroniques (capteurs météo, GPS, système de communication satellite) sont alimentés par des panneaux solaires, ce qui lui confère une grande autonomie en mer.

Ces robots sont-ils réutilisables ?

Oui, les C-Stars sont conçus pour être récupérés à la fin de leurs missions. Les sources indiquent qu'ils enregistrent des vidéos qui ne peuvent être téléchargées qu'une fois les robots récupérés, ce qui confirme leur caractère réutilisable. Leur faible coût permet d'envisager la perte occasionnelle d'un appareil sans compromettre l'ensemble d'un programme de recherche.

Le public peut-il suivre ces robots en temps réel ?

Les données brutes collectées par les C-Stars sont principalement destinées aux scientifiques et aux agences météorologiques comme la NOAA. Cependant, les informations qu'ils fournissent sont rapidement intégrées dans les bulletins et prévisions publics émis par ces agences, bénéficiant ainsi indirectement à tout le monde en améliorant la précision des alertes ouragan.