Eliza Manningham-Buller, ancienne directrice du MI5, a déclaré que le Royaume-Uni pourrait déjà être engagé dans une guerre non déclarée avec la Russie. Elle s'appuie sur l'intensification des cyberattaques, des actes de sabotage et de l'espionnage orchestrés par Moscou. Cette analyse fait écho à celle de l'experte Fiona Hill et redéfinit la notion même de conflit à l'ère moderne.

Les mots sont pesés, mais leur impact est considérable. En reprenant à son compte l'analyse de l'experte Fiona Hill, l'ancienne figure du renseignement britannique a mis en lumière une réalité que beaucoup préfèrent ignorer : la nature de la guerre a changé. Loin des champs de bataille traditionnels, le conflit se jouerait désormais dans l'ombre, à travers des actions hostiles continues et diffuses.

Une guerre "d'un autre genre"

Intervenant dans un podcast de la Chambre des Lords, la baronne Manningham-Buller a été très claire. "Depuis l'invasion de l'Ukraine et les diverses choses que j'ai lues sur ce que les Russes ont fait ici : sabotage, collecte de renseignements, attaques contre des personnes, etc...je pense qu'elle [Fiona Hill] a peut-être raison de dire que nous sommes déjà en guerre avec la Russie."

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Elle décrit un conflit non conventionnel, marqué par une hostilité permanente, des cyberattaques massives et des opérations clandestines sur le sol britannique.

Des espoirs déçus à l'implacable réalité

Ce constat amer tranche avec les espoirs du début des années 2000. Manningham-Buller, qui a dirigé le MI5 de 2002 à 2007, se souvient avoir rencontré Vladimir Poutine en 2005, après un sommet du G8.

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À l'époque, l'Occident espérait encore faire de la Russie post-soviétique un partenaire. "Mais en réalité, nous nous sommes trompés", admet-elle aujourd'hui, soulignant l'hostilité profonde de Moscou envers l'Ouest. Cette prise de conscience a été brutalement accélérée par des événements tragiques.

L'assassinat d'Alexandre Litvinenko à Londres en 2006 a été un véritable point de bascule. L'ex-agent du FSB, empoisonné au polonium radioactif, a symbolisé la capacité du Kremlin à frapper ses opposants au cœur même des capitales occidentales.

Une Europe au soft power affaibli

Pour l'ex-cheffe du MI5, l'implication de Poutine dans ce meurtre ne faisait aucun doute, même si elle n'avait pas anticipé une telle audace un an seulement après leur rencontre.

Au-delà de la menace russe, Manningham-Buller a également exprimé son inquiétude face au recul de l'influence occidentale dans le monde. Elle critique vivement les coupes budgétaires drastiques dans l'aide internationale décidées par le Royaume-Uni et les États-Unis. Selon elle, ce retrait crée un vide géopolitique immédiatement exploité par d'autres puissances, la Chine en tête.