Face aux restrictions imposées par les Etats-Unis sur les approvisionnements et la production de puces électroniques, la Chine a répondu avec ses propres armes : les approvisionnements en terres rares et métaux stratégiques pour lesquels elle est souvent le plus gros fournisseur mondial.
La situation s'est encore aggravée avec la décision de Donald Trump de faire gonfler les tarifs douaniers contre les produits chinois en avril dernier. La Chine a aussitôt répondu en imposant des licences d'exportation sur sept terres rares, visant aussi bien les volumes exportés que les techniques d'extraction.
Pour le reste du monde, c'est un coup dur car s'il peut exister des alternatives d'approvisionnement, mettre en place les filières demande du temps. Or, l'interruption des flux depuis la Chine va très vite aboutir à des situations de pénurie.
Des stocks d'aimants de quelques semaines seulement
L'Europe en est à appeler la Chine à assouplir ses restrictions sur l'exportation de certaines terres rares et notamment celle des aimants permanents, utilisés dans de très nombreux secteurs industriels, à commencer par l'industrie automobile.
Le commissaire européen au commerce a mis le sujet sur le tapis lors d'un entretien ce mardi avec le ministre du commerce chinois, espérant un geste d'apaisement. Plusieurs constructeurs automobiles en Europe et ailleurs ont alerté sur la problématique d'un stock d'aimants permanents de quelques semaines à quelques mois seulement, avec des conséquences par la suite qui imposeront de ralentir les chaînes de production des véhicules.
L'Europe dit chercher un terrain d'entente avec la Chine pour accélérer les autorisations et assouplir les critères des licences, au moins pour les entreprises civiles.
Ce déficit d'aimants permanents aura des conséquences sur la production des voitures avec un effet accentué sur les véhicules électriques dont les moteurs en nécessitent beaucoup plus que les modèles thermiques.
Le dialogue avec la Chine n'est pas rompu
Certains constructeurs ont déjà adressé un courrier à Donald Trump, qui renégocie actuellement les droits de douane avec la Chine, pour l'alerter sur les risques de fermeture d'usine faute de matière première, sans résultat visible jusqu'à présent.
La Chine étant à l'origine de 90% de la production mondiale d'aimants permanents, il lui est donc facile de bloquer l'approvisionnement et de provoquer des blocages dans divers secteurs industriels.
L'Europe, qui se réveille de son mirage mondialiste, a commencé à prendre la mesure du danger et a identifié des dizaines de sites d'approvisionnement en ressources stratégiques à relancer en Europe, de l'extraction au raffinage, mais il faudra des années pour constituer les filières.
Or, le problème de pénurie sera là dans les semaines qui viennent si aucune solution n'est trouvée. D'où l'insistance du commissaire européen face aux conséquences d'une situation initialement provoquée par les Etats-Unis. Les responsables politiques et industriels gardent l'espoir de trouver une issue rapide.