De nouvelles preuves photographiques confirment que l'armée russe continue d'intégrer des terminaux Starlink sur ses drones pour en étendre la portée de contrôle.

Malgré les promesses du Pentagone de bloquer cet usage non autorisé, cette technologie permet aux engins russes de frapper et de mener des reconnaissances bien au-delà de la portée radio classique, un défi majeur pour l'Ukraine.

Une intégration improvisée mais redoutablement efficace

Les images en question montrent un drone, identifié comme un modèle de type « Molniya », avec un mini-terminal Starlink visiblement sanglé sur son fuselage. Observé près du secteur de Pokrovsk, dans l'est de l'Ukraine, cet assemblage artisanal témoigne d'une solution fonctionnelle, bien que rudimentaire.

drone russe Starlink

credit : Serhiy Beskrestnov

Le design et le bloc d'alimentation de l'engin confirment son origine russe, probablement une variante de la famille de drones Molniya, connue pour sa construction modulaire et son faible coût.

L'enjeu principal de cette intégration est l'extension massive de la portée opérationnelle. En s'affranchissant des limites de la ligne de vue radio, les opérateurs russes peuvent piloter leurs drones de reconnaissance ou de frappe à des distances bien plus grandes, permettant des ajustements de cible en temps réel.

La promesse américaine face à l'implacable réalité du terrain

Le Pentagone avait pourtant pris le problème à bras-le-corps. En mai 2024, le département de la Défense américain avait annoncé travailler sur des mesures techniques pour empêcher cet usage détourné.

Une des pistes évoquées était la mise en place d'une « liste blanche » (whitelist) autorisant uniquement les terminaux enregistrés pour l'Ukraine, bloquant de fait toutes les autres unités.

Starlink

Un mois plus tard, en juin 2024, les officiels américains se félicitaient d'avoir désactivé plusieurs centaines de terminaux non autorisés. Cependant, les preuves actuelles suggèrent que cette victoire n'était que de courte durée.

La Russie continue de s'approvisionner via des marchés parallèles et des canaux non officiels, contournant les sanctions et les blocages technologiques.

Quelles alternatives pour Kyiv et quel avenir pour le contrôle ?

Cette persistance du problème pousse l'Ukraine à explorer des solutions alternatives. Pour réduire sa dépendance technologique et s'assurer des communications plus sécurisées, Kyiv se tourne de plus en plus vers des fournisseurs européens.

La recherche d'une infrastructure de communication militaire entièrement maîtrisable est devenue une priorité stratégique.

De son côté, SpaceX, l'opérateur du service Starlink, n'a pas officiellement réagi à ces derniers développements. La question demeure entière : comment bloquer efficacement l'utilisation d'une technologie civile par une armée sans affecter les utilisateurs légitimes ?

On notera que Starlink a activé en novembre la fonction Direct to Cell avec l'opérateur Kyivstar qui permet aux smartphones d'échanger des SMS par satellite, ces derniers se comportant comme des antennes cellulaires 4G LTE.

L'Ukraine est ainsi le premier marché en dehors des Etats-Unis à bénéficier de cette nouvelle technologie qui s'étendra plus tard aux services voix et données mobiles.