Depuis le Centre spatial Kennedy en Floride, une fusée Falcon 9 de SpaceX a décollé avec succès mardi, emportant à son bord la mission Eumetsat MTG-S1 vers une orbite de transfert géostationnaire. Depuis une altitude de 36 000 km, le satellite MTG-S1 permettra de surveiller l'atmosphère terrestre.
Ce deuxième satellite de la troisième génération de Meteosat (Meteosat Third Generation ; MTG) embarque avec lui l'instrument Copernicus Sentinel-4 pour modifier la manière d'anticiper les phénomènes météorologiques extrêmes et surveiller la qualité de l'air en Europe.
À l'origine, il était prévu un lancement de MTG-S1 / Sentinel-4 avec Ariane 6. Quelques jours avant le vol inaugural d'Ariane 6 en juillet 2024, l'organisation européenne pour l'exploitation des satellites météorologiques avait décidé d'annuler le lancement avec Ariane 6, au profit d'une fusée Falcon 9. Une décision qui avait suscité l'incompréhension du patron d'ArianeGroup.
Anticiper les orages avant leur naissance
Le cœur de MTG-S1 est son sondeur infrarouge. Une première pour un instrument européen de ce type placé en orbite géostationnaire. Sa position fixe lui permet de scanner l'Europe en continu.
La grande nouveauté est qu'il peut voir ce qui est invisible pour les autres : les signes d'instabilité dans l'atmosphère bien avant que les nuages ne se forment. Toutes les 30 minutes, le satellite fournira un profil 3D de la température et de l'humidité de l'atmosphère. C'est la promesse de prévisions météo beaucoup plus réactives, notamment pour les orages violents qui évoluent très vite.
« Nous nous attendons maintenant à ce que le sondeur infrarouge change la donne pour des prédictions plus précises et opportunes des conditions météorologiques extrêmes, faisant une réelle différence dans la vie et les moyens de subsistance des gens à travers l'Europe et l'Afrique du Nord », explique James Champion, chef du projet MTG à l'Agence spatiale européenne (ESA).
La pollution scrutée à la loupe
Accroché au satellite MTG-S1, l'instrument Sentinel-4 est un véritable espion de la pollution. Ce spectromètre de pointe va mesurer heure par heure la concentration dans l'atmosphère de polluants comme les aérosols, l'ozone, le dioxyde d'azote et le dioxyde de soufre.
« Sentinel-4 apporte quelque chose de véritablement nouveau à la famille Copernicus des satellites d'observation de la Terre. […] Cette mission dispose d'un instrument d'une sensibilité et d'une précision remarquables, qui transformera notre manière de prévoir la pollution atmosphérique et de comprendre les tendances en matière de qualité de l'air », déclare Giorgio Bagnasco, chef du projet Sentinel-4 à l'ESA.
Une telle surveillance continue offrira une vision dynamique et détaillée de la pollution, ce qui est inédit pour l'Europe.
Encore un peu de patience
Après le déploiement réussi, le satellite entame une longue phase de mise en service et de calibration. Il faudra patienter entre 9 et 12 mois avant que les données exploitables ne commencent à affluer. C'est le temps nécessaire pour affiner les réglages des instruments ultra-sensibles et s'assurer que chaque information envoyée depuis l'espace est d'une fiabilité absolue.