C'est une pièce maîtresse de l'histoire du jeu vidéo qui vient d'être arrachée à l'oubli numérique. La Video Game History Foundation (VGHF) a annoncé avoir récupéré et archivé la totalité des données du Sega Channel.

Ce service, véritable pionnier du jeu à la demande lancé bien avant l'heure, est souvent perçu comme l'ancêtre direct des plateformes modernes. Son contenu, par nature volatil, était sur le point de disparaître à jamais.

Qu'est-ce que le Sega Channel exactement ?

Lancé en 1994 aux États-Unis, le Sega Channel était un concept audacieux pour l'époque. Contre un abonnement mensuel d'une quinzaine de dollars, les joueurs pouvaient télécharger une sélection d'une cinquantaine de jeux via un adaptateur spécial relié au câble de leur télévision. Le géant japonais Sega jouait déjà les visionnaires. Le service a connu un succès notable, atteignant jusqu'à 250 000 abonnés.

La particularité du système résidait dans sa technologie : les jeux étaient téléchargés directement dans la RAM de la console, la fameuse MegaDrive, et n'étaient jamais stockés sur un support physique. Cette nature éphémère rendait son catalogue extrêmement fragile. Au-delà des titres classiques, le service proposait des contenus exclusifs, des démos et des versions modifiées, comme des adaptations de films telles que The Flintstones ou Waterworld, qui n'ont jamais eu de sortie en cartouche sur la console.

Comment cette sauvegarde a-t-elle été possible ?

Le sauvetage tient presque du miracle et repose sur deux contributeurs clés. Le premier est Michael Shorrock, ancien vice-président de la programmation du Sega Channel, qui avait conservé pendant des décennies des archives privées. Sa rencontre avec la VGHF lors de la Game Developers Conference 2024 a déclenché le projet. Cette opération de sauvetage a permis de garantir que de nombreux jeux préservés ne finiront pas en simple poussière numérique.

Un second donateur, anonyme, avait de son côté contacté d'autres anciens employés pour rassembler du matériel. La VGHF a ensuite consacré une année entière à un travail méticuleux : numériser les documents et récupérer les données stockées sur des bandes magnétiques obsolètes. Les archives contiennent même les maquettes d'un projet de navigateur web pour la console, anticipant les fonctionnalités en ligne de la Dreamcast.

Quelles sont les pépites retrouvées dans ces archives ?

Parmi les plus de 140 ROMs sauvegardées se trouvent de véritables pépites vidéoludiques. On y trouve des titres jamais sortis en cartouche, comme Garfield: Caught In The Act – The Lost Levels, qui proposait trois niveaux coupés de la version commerciale. Une autre rareté est Iron Hammer, un FPS initialement prévu pour le casque Sega VR qui n'a jamais été commercialisé.

Ces archives témoignent aussi des limitations techniques de l'époque. Pour respecter la taille limitée de la mémoire, certains jeux étaient amputés. Mortal Kombat 3 ou Virtua Fighter 2 voyaient leur roster de personnages amputé de moitié. Des jeux plus volumineux comme Sonic 3D Blast étaient scindés en deux parties, nécessitant un système de mot de passe pour progresser. Ces versions sont des artefacts uniques de l'ingénierie logicielle des années 90.

Foire Aux Questions (FAQ)

Que contient exactement cette collection archivée ?

La collection comprend plus de 140 ROMs (jeux complets, prototypes, démos), les menus du service de 1994 à 1997, des documents internes, des publicités d'époque, et même cinq maquettes d'un projet de navigateur web pour la Mega Drive.

Où peut-on accéder à ces jeux préservés ?

L'ensemble des ROMs est désormais disponible en téléchargement gratuit via le site Gaming Alexandria, en partenariat avec la VGHF. Les documents numérisés, quant à eux, sont consultables sur la bibliothèque numérique de la Video Game History Foundation.

Pourquoi cette préservation est-elle si importante ?

Elle sauve une partie unique et fragile de l'histoire du jeu vidéo qui risquait de disparaître. Cela permet aux chercheurs, aux historiens et aux fans d'étudier les origines de la distribution numérique et de découvrir des jeux qui étaient autrement inaccessibles ou considérés comme définitivement perdus.