Les puces électroniques sont devenues l'un des nerfs de la guerre économique que se livrent les Etats-Unis et la Chine. Cette dernière, très dépendante des technologies occidentales, cherche depuis plusieurs années à gagner son indépendance en développant ses propres technologies.

En matière de techniques de gravure et de production de puces, la Chine doit encore beaucoup se reposer sur des produits conçus aux Etats-Unis et produits à Taiwan dans les usines du fondeur TSMC.

Les luttes d'influence politique, économique et stratégique ont conduit les Etats-Unis à freiner de plus en plus la capacité de la Chine à refaire son retard en matière de puces électroniques.

La Chine freinée dans son élan

Outre les limitations imposées sur les produits utilisant des brevets US, les équipements de lithographie permettant de la gravure fine et produits par des entreprises néerlandaises comme ASML ne peuvent plus être exportés vers la Chine.

Ces mesures visent à freiner l'avancée rapide des producteurs de semi-conducteurs chinois qui ont encore environ trois ans de retard technologique sur les leaders du secteur.

Equipement de lithographie DUV (Deep Ultra Violet) d'ASML

Sans équipements adaptés, notamment pour de la lithographie EUV (Extreme Ultra Violet), il sera difficile de pouvoir proposer des puces gravées finement et utilisées dans les appareils électroniques civils et militaires les plus récents.

Dans le même temps, les Etats-Unis (et l'Europe) tentent de relocaliser des usines de production de puces que la mondialisation avaient déplacées vers l'Asie. On n'est jamais trop prudent...

Plus de 140 milliards de dollars pour le secteur des puces

Cependant la Chine ne reste pas les bras croisés face à ces blocages qui lui sont autant de camouflets et elle vient d'annoncer un massif plan de soutien à son industrie des semiconducteurs.

Selon Reuters, le gouvernement va injecter plus de 1000 milliards de yuans (l'équivalent de 143 milliards de dollars) sur cinq ans pour soutenir le secteur et atteindre son objectif d'indépendance dans les puces.

Le projet comporte des incitations financières pour l'achat d'équipements locaux, le soutien aux laboratoires de recherche et sites de production et d'assemblage et des avantages fiscaux pour le secteur des semiconducteurs.

L'annonce de cet investissement massif a logiquement donné des ailes au cours en Bourse des principaux acteurs chinois. Obtenir une indépendance technologique est un objectif de long terme pour le président Xi Jinping mais il reste à voir comment les Etats-Unis vont réagir à cette ambition.

La Chine dépose un recours à l'OMC

En attendant, c'est bien la Chine qui est à l'offensive sur plusieurs fronts. Beijing a déposé un recours auprès de l'OMC (Organisation mondiale du Commerce) pour protester contre les restrictions imposées par les USA sur le secteur des semiconducteurs.

Face au blocage de l'exportation des puces haut de gamme, des composants mémoire et des équipements de gravure, elle accuse les Etats-Unis de violer les règles du commerce international et de pratiquer du protectionnisme, sous couvert de défense d'intérêts nationaux.

La liste noire d'entreprises chinoises ne pouvant commercer avec les entreprises US que de façon limitée et sous une surveillance stricte constitue un motif de mécontentement particulièrement virulent.

Source : Reuters