Fin 2023, le groupe chinois Huawei a créé la surprise en dévoilant une série de smartpones Huawei Mate 60 dotée d'un processeur mobile Kirin gravé en 7 nm. Les Etats-Unis font pourtant tout depuis 2019 pour empêcher le pays d'accéder aux technologies de gravure les plus récentes.
Les grands fondeurs proposant actuellement la gravure en 3 nm, l'écart semble se réduire rapidement et peut donner l'impression que l'industrie chinoise n'est plus très loin de pouvoir se doter des techniques les plus avancées, d'autant plus qu'il est question d'un passage à venir à la gravure en 5 nm.
Graver finement des puces, tout un art
Certains observateurs vont jusqu'à prétendre que la Chine n'aurait que trois ans de retard environ sur l'état de l'art dans les semiconducteurs, malgré les restrictions imposées.
Interrogée sur le sujet, le fondeur TSMC, leader mondial dans la fonderie, a répondu que lorsqu'il passera à la gravure en 2 nm l'an prochain, l'écart avec la Chine sera en réalité d'une bonne décennie.
La gravure fine arrive à un niveau où il ne suffit plus d'utiliser les équipements de lithographie existants en les poussant au maximum de leurs capacités. Pour descendre au 3 nm et en-deça, il faut des machines spécifiques, coûteuses et difficiles à obtenir.
L'industrie chinoise a pu outrepasser le noeud 14 nm sur lequel les Etats-Unis pensaient l'avoir confinée en poussant aux limites les équipements de lithographie DUV (Deep Ultra Violet) et au détriment de toute logique économique en produisant des puces chères et avec un faible rendement.
Une barrière physique difficilement contournable
Sans équipements de lithographie EUV (Extreme Ultra Violet) plus récents, il ne sera guère possible descendre facilement plus bas que 7 nm, ou même 5 nm. A moins de récupérer frauduleusement des équipements ou de s'emparer d'équipements existants (que la Chine pourrait éventuellement trouver dans les usines de TSMC à Taiwan), il faudra des années de R&D pour mettre au point des équipements similaires chinois.
En attendant de parvenir peut-être un jour à surmonter cet obstacle technique de taille, à moins d'un dégel des relations entre la Chine et les Etats-Unis qui semble toujours plus incertain, la Chine risque d'être bloquée durablement.
Elle le sait sans doute et a mis en place une stratégie alternative : renforcer ses capacités de production de puces en utilisant des noeuds de gravure mature, permettant de générer des volumes massifs à des tarifs bas et répondre ainsi à la demande de nombreux secteurs industriels n'ayant pas forcément besoin des puces les plus avancées au monde.