La montée des tensions géopolitiques a malmené la mondialisation et la libre circulation des biens et matières premières et l'Europe a pris la mesure du danger à rester trop dépendante des autres zones géographiques.

La pénurie de composants électroniques ces dernières années, notamment dans le secteur automobile, a pénalisé l'industrie automobile. Dans le même temps, il apparaît que les capacités de production peuvent être accaparées par de grands groupes ou des Etats, ne laissant que les miettes au reste du monde.

Cette mise en retrait a de multiples conséquences sur l'accès aux composants (disponibilité, chaînes d'approvisionnement) et la compétitivité de l'industrie européenne, d'où la nécessité d'une politique de relance du secteur de la production électronique.

Revenir à 20% de la production mondiale

Des efforts de relocalisation des productions de puces électroniques sont en cours avec notamment un effort pour faire construire des usines capables de produire des composants en gravure fine.

Si l'Asie, avec les fondeurs TSMC (Taiwan) et Samsung (Corée du Sud) restent les champions en matière de finesse de gravure, il reste de la place pour de la gravure avancée intermédiaire, en complément des lignes de production sur des noeuds de gravure matures pour de la production de puces robustes et en grands volumes destinées aux processus industriels et à l'automobile.

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Comptant moins de 10% de la production mondiale de puces actuellement, l'Europe veut remonter à au moins 20% d'ici la prochaine décennie et la Commission européenne a proposé un texte, baptisé Chips Act, pour se donner les moyens de concrétiser cette ambition.

Un Chips Act européen face aux USA et à la Chine

Le Chips Act vient d'être validé par le Parlement européen et les Etats membres de l'Union européenne, ce qui va permettre d'accélérer les initiatives devant permettre de réduire la dépendance de l'Europe vis à vis de l'Asie.

Pour Thierry Breton, commissaire européen au marché intérieur et soutien du texte, "l'Europe prend son destin en main" en se donnant les moyens de développer et produire des puces avancées.

Cela passera par un investissement (public et privé) de 43 milliards d'euros pour épauler les projets d'installations de sites de production et d'établissement de programmes de R&D.

Le groupe Intel a déjà flairé la bonne affaire en promettant de bâtir de nouveaux sites en Allemagne et en Italie avec le soutien de puissants financements publics tandis qu'en France, le fondeur GlobalFoundries va contribuer à étendre les capacités de production du franco-italien STMicroelectronics à Crolles (région grenobloise).

L'Europe n'est pas la seule à soigner son industrie des semiconducteurs. Les Etats-Unis sont engagés dans un mouvement semblable avec une enveloppe de 52 milliards de dollars pour réinstaller des sites de production sur leur sol.

La Chine, pour sa part, doit faire face aux restrictions commerciales imposées par les Etats-Unis qui bloquent son accès aux dernières technologies de gravure. Cela ne l'empêche pas d'investir plus de 140 milliards de dollars pour développer les capacités de production du pays et se doter de technologies alternatives développées in situ qui lui permettront - mais dans quelques années - de faire jeu égal avec l'Occident.