Depuis 2019, les Etats-Unis empilent mesures sur mesures pour empêcher la Chine de progresser trop vite dans le domaine des semi-conducteurs et de gagner en finesse de gravure.
Le blocage de la propriété intellecturelle, de l'accès aux grands fondeurs et des exportations d'équipements de lithographie vers la Chine créent un barrage technique compliqué à surmonter, sinon infranchissable.
L'annonce par Huawei d'un smartphone Mate 60 doté d'une puce Kirin 9000S gravée en 7 nm a tout de même été un choc à l'automne dernier et confirme que la Chine tente tout ce qu'elle peut pour continuer de progresser, même dans des conditions dégradées.
Descendre sous 7 nm sera compliqué sans équipements adaptés
Toutefois, il y a des limites à ce que peuvent réaliser les équipements, même sortis de leurs limites de fonctionnement, et il sera difficile de descendre sous les 7 nm sans les bons outils.
Pour le CEO d'Intel, Pat Gelsinger, interrogé par CNBC au Forum économique mondial de Davos, les mesures prises par les Etats-Unis créent une limite efficace à la finesse de gravure chinoise qui va se retrouver coincée sur le noeud de 10 à 7 nm alors que l'état de l'art se porte désormais vers 2 nm et a démarré les préparatifs pour descendre à 1,5 nm.
Il note ainsi que la Chine a entre 5 et 10 ans de retard sur les techniques selon les fondeurs concernés. SMIC peut graver des puces en 7 nm mais HLMC, autre fondeur chinois, reste calé sur le 14 nm. Toutefois, ils ont toujours besoins des équipements occidentaux pour y parvenir.
Début janvier, de nouvelles restrictions ont bloqué l'exportation d'équipements de lithographique DUV de la firme néerlandaise ASML vers la Chine, ce qui va encore réduire les options possibles.
Un retard persistant ?
Pour le patron d'Intel, la Chine pourra peut-être continuer de progresser mais elle restera significativement en arrière du top de l'industrie des semi-conducteurs tant qu'il n'y aura pas de dégel des relations avec les USA.
Le décalage de 10 ans pourrait donc persister un long moment, même si la Chine trouve les moyens de passer outre la limite à 7 nm, par exemple en essayant de copier les machines existantes.
Les observateurs notent par ailleurs que l'industrie chinoise semble beaucoup renforcer ses capacités sur les noeuds matures, ce qui risque de conduire à une surproduction de composants électroniques en gravure moins fine d'ici quelques années, à défaut de pouvoir faire la course aux noeuds de gravure.