A chacun ses armes. Pendant que le groupe Bouygues critique en creux certains aspects de l'offre déposée par Numericable et son actionnaire Altice pour racheter l'opérateur SFR, Patrick Drahi, responsable du fonds Altice, met en avant le sérieux de sa proposition.
Il indique au Journal Les Echos qu'elle est née d'une réflexion menée depuis sept ans, "et pas de deux semaines" (en référence à Bouygues), sur la convergence fixe-mobile dans le secteur télécom, tendance de fond qui va rendre les offres convergentes "indispensables", et par là porteuses de croissance à long terme.
Altice a annoncé que sa proposition serait valable jusqu'à vendredi et son dirigeant indique qu'il n'a pas l'intention de la modifier d'ici là, du fait justement de ses objectifs clairs.
Et qu'importe si le cours de Numericable a souffert ces derniers jours : "la vraie conviction du marché se contruira lorsqu'il disposera d'une information complète et précise, et pas simplement de rumeurs".
Patrick Drahi en profite aussi pour s'exprimer sur le côté très cocorico d'une partie de l'argumentation de son concurrent et des politiques, notamment avec le fait que le siège d'Altice est au Luxembourg et qu'une partie significative de ses activités se font hors de France.
Il souligne que si une partie du capital de Bouygues est coté en bourse, les fonds de pension anglo-saxons sont très présents parmi ses investisseurs et il défend de nouveau son "projet patriote" faisant à des fournisseurs français.
Il réaffirme enfin que la structure née du rapprochement de Numericable et de SFR "aura son siège, son management, sa cotation française et paiera ses impôts en France". De même qu'il assure pouvoir maintenir les emplois et même en créer de nouveaux, alors qu'un rapprochement SFR-Bouygues n'aurait aucune possibilité d'éviter la casse sociale, malgré les engagements de Martin Bouygues.
Plutôt que l'agitation médiatico-politique qui tente de faire pencher la balance dans un sens, Patrick Drahi se dit confiant dans le jugement sur la qualité industrielle du projet par les vrais décideurs dans cette affaire : le groupe Vivendi et l'Autorité de la Concurrence.