Martin Bouygues s'était peu exprimé quand le groupe Vivendi avait annoncé qu'il continuait les négociations pour le rachat de SFR avec Altice / Numericable et qu'il ne s'intéresserait pas aux propositions de Bouygues, pourtant à plusieurs reprises relevées et adaptées aux attentes de Vivendi.
Dans un entretien accordé au Figaro, il tire à boulets rouges sur le processus de cession de l'opérateur SFR tout en indiquant être prêt à donner à Bouygues Telecom les armes pour se battre dans le nouveau contexte du marché télécom français.
Bouygues Telecom recevra plus que jamais le soutien de sa maison mère dans le contexte maintenu de quatre opérateurs sur le marché, en passant par les cases de réduction des coûts et d'innovation rapide.
Le patron du groupe Bouygues est resté silencieux sur les négociations en cours avec Free et peut-être Telefonica pour la cession de Bouygues Telecom, dont il demanderait 8 milliards d'euros.
En revanche, c'est contre le président du conseil de surveillance de Vivendi, Jean-René Fourtou, que ses critiques se sont concentrées : "des appels d'offres compliqués, tordus, bizarres, j'en ai vu beaucoup. Mais je n'imaginais pas de telles pratiques dans un tel dossier...à Paris de surcroît", a-t-il commenté.
Il affirme que c'est Jean-René Fourtou qui l'a incité à s'intéresser au dossier SFR au mois de janvier mais que son comportement amical est devenu hostile au moment du dépôt de la première offre de Bouygues : "tout a été fait pour ne pas permettre à Bouygues de présenter ses offres et ses arguments au Conseil de surveillance. Les anomalies se sont multipliées", souligne-t-il encore.
Sans aller jusqu'à les évoquer directement, ces insinuations vont dans le sens des interrogations sur des accords financiers secrets entre Vivendi et Altice émis par Médiapart et pour lesquelles Jean-René Fourtou a réagi par une plainte en diffamation.
Sur la question de l'emploi, pour laquelle les observateurs suggèrent qu'un rapprochement entre SFR et Bouygues Telecom aurait créé beaucoup de doublons incompatibles avec les promesses de maintien de l'emploi, Martin Bouygues affirme qu'il aurait été possible de s'en accommoder : " en définitive, les 1400 "doublons" pouvaient éventuellement subsister. Garder ces collaborateurs ne posait pas de difficulté à une entreprise de cette taille avec un tel potentiel de développement", affirme-t-il.