Altice France, maison mère de SFR, a rejeté l'offre de rachat de 17 milliards d'euros déposée par le consortium Orange, Bouygues Telecom et Free. Cette fin de non-recevoir expéditive, communiquée en interne, intervient dans un contexte tendu de restructuration de la dette d'Altice et soulève des questions cruciales sur l'avenir du marché des télécoms français et l'emploi au sein de l'opérateur.

Le paysage des télécoms français a vibré ce mercredi suite à une annonce aussi rapide que décisive. Dans un message interne adressé à ses salariés, Arthur Dreyfuss, PDG d'Altice France, a confirmé avoir « immédiatement rejeté » la proposition de rachat formulée la veille par le trio formé par Orange, Bouygues Telecom et Iliad (Free).

L'offre, d'un montant de 17 milliards d'euros, portait sur « la plupart des actifs de l'opérateur SFR » et semblait marquer le début d'un long feuilleton.

Un marché reconfiguré, un scénario avorté

L'initiative des trois concurrents n'était pas une surprise. Depuis des mois, les rumeurs sur un potentiel démantèlement de SFR allaient bon train, alimentées par la situation financière délicate d'Altice France.

SFR

Le plan prévoyait un partage précis des actifs : 43 % pour Bouygues Telecom, 30 % pour Iliad et 27 % pour Orange. Une telle opération aurait ramené le marché français à trois acteurs majeurs, une configuration inédite depuis l'arrivée de Free Mobile en 2012 qui avait durablement rebattu les cartes du secteur.

Le prix, point de friction majeur ?

Bien que qualifiée de « première étape d'un long processus » par Olivier Roussat, directeur général de Bouygues, l'offre non engageante de 17 milliards d'euros a été jugée manifestement insuffisante.

Des sources proches d'Altice ont d'ailleurs rappelé que les créanciers étaient entrés récemment au capital sur la base d'une valorisation de 28 milliards d'euros, un chiffre bien éloigné de la proposition.

Patrick Drahi 2

Le groupe de Patrick Drahi ne semble donc pas prêt à lâcher du lest. Un acteur proche des négociations a toutefois laissé entendre qu'il y avait « un potentiel des trois à remonter l’offre », signe que le dialogue n'est peut-être pas totalement rompu.

Inquiétudes sociales et vigilance politique

Au-delà des chiffres, ce projet de rachat cristallisait de vives inquiétudes sociales. La CFDT, en tête des syndicats, avait immédiatement alerté sur le risque de « suppression de plusieurs milliers d'emplois directs et indirects ».

Les salariés de SFR, déjà préoccupés par le plan de sauvegarde accélérée lié à la dette, craignaient pour la pérennité de leurs postes. Le gouvernement, par la voix du ministre de l'Économie Roland Lescure, avait prévenu qu'il serait « extrêmement vigilant » sur les conséquences pour les consommateurs et la qualité de service.

Ce rejet met fin, pour l'heure, à ce scénario de concentration, mais il laisse l'avenir de SFR et de ses salariés en suspens, dans l'attente du prochain mouvement stratégique d'Altice pour assainir ses finances.