L'opérateur SFR n'était pas au mieux de sa forme ces derniers trimestres, perdant régulièrement des abonnés et restant confronté à une énorme dette de 24 milliards d'euros qui freine les projets de sa maison mère Altice.
Sous la pression d'un bilan financier dégradé, de l'affaire de corruption du numéro deux d'Altice et d'échéances de remboursement de la dette, Patrick Drahi a entamé un bras de fer avec les actionnaires qui a abouti à une réduction de la dette à 15 milliards d'euros contre un plus large accès au capital.
Soulagé de ce poids, le dirigeant d'Altice peut envisager plus sereinement la cession au moins partielle de l'opérateur SFR. Le sujet est dans l'air depuis plusieurs mois et pourrait conduire à un retour du marché français à trois opérateurs comme plusieurs d'entre eux l'ont toujours prôné.
Des marques d'intérêt
Toutefois, le timing n'est pas forcément favorable, à moins de deux ans de l'échéance de l'élection présidentielle et des changements de tête au pouvoir. Il faudrait aussi convaincre Bruxelles qui a toujours été favorable à une multiplication des opérateurs sur les marchés afin de pousser à une guerre des prix favorable aux consommateurs...mais pas toujours à l'innovation, faisaient valoir les opérateurs.
L'agence Bloomberg affirme que des discussions sont en cours entre Patrick Drahi et les opérateurs Orange, Bouygues Telecom et Free, ainsi que des opérateurs du Moyen-Orient (émiratis, notamment) et des fonds d'investissement, en vue d'une cession d'une participation majoritaire dans SFR pour un montant qui pourrait atteindre 30 milliards d'euros.
Des documents financiers auraient été transmis aux parties intéressées, ce qui pourra leur permettre d'avancer sur d'éventuelles propositions de rachat. Le journal Les Echos précise qu'il ne s'agit toujours que de contacts préliminaires et pas encore de négociations sérieuses mais l'intérêt pour le rachat de SFR est en train de monter.
Plusieurs options pour Drahi
Patrick Drahi a de son côté plusieurs options à sa disposition qui pourraient aller jusqu'au rachat des parts des créanciers. L'homme d'affaires a toujours cherché à obtenir un contrôle maximum des entreprises qu'il détient et ce pourrait être une étape intermédiaire avant une mise en vente de la totalité de l'entreprise.
Pour le moment, Altice est occupée à se restructurer après l'accord sur la réduction de la dette de SFR et cherche à vendre des actifs non stratégiques tout en continuant de rééquilibrer l'opérateur.
Ces efforts de stabilisation pourraient prendre encore plusieurs mois, ce qui rend la perspective d'un rachat de SFR à court terme modérément probable. Le contexte international ne facilite pas non plus la visibilité sur le long terme, sans compter les problématiques de réglementation.