L'annonce de l'acquisition du fournisseur de services communication VoIP Skype par Microsoft n'a pas seulement surpris les observateurs, son montant de 8,5 milliards de dollars fait tout autant réfléchir sur l'hypothèse de la constitution d'une nouvelle bulle spéculative dans la high-tech.

Car cela fait une somme rondelette pour une société qui, malgré ses atouts, a affiché une perte l'an dernier : 32 fois son Ebitda ( résultat avant impôt et amortissement ), et pas loin de trois fois le prix auquel Ebay l'avait rachetée en 2005 avant de s'apercevoir qu'il était difficile d'intégrer les services de communication dans ses propres offres pour des questions de détention de sa propriété intellectuelle.

Et Skype n'est pas la seule société à faire l'objet d'un tel engouement : le réseau social Facebook est valorisé à 65 milliards de dollars, soit plus de 30 fois ses ventes de 2010 tandis que le réseau chinois RenRen, coté au Nasdaq depuis la semaine dernière, pèse désormais 6,7 milliards de dollars, soit près de 100 fois ses ventes de 2010.

La proposition d'entrée en Bourse de LinkedIn, dévoilée ce lundi, pourrait valoriser le réseau social professionnel à plus de 3 milliards de dollars et déclencher d'autres opérations dans la foulée, tant le climat semble favorable.


Les promesses seront-elles tenues ?
Dans tous ces cas, c'est la valeur potentielle future de la société qui est prise en compte ( et particulièrement ces données personnelles que les membres d'un réseau social y laissent régulièrement ), et beaucoup moins la valeur réelle et la capacité à tenir sur la durée, alors même que certains modèles économiques ne sont même pas encore fondés...et peuvent mener plus tard à de cruelles désillusions.

Certes, ces sociétés engrangent rapidement de nouveaux utilisateurs mais souvent sur une proposition essentiellement gratuite tandis que le taux de conversion vers les offres payantes reste très faible. L'affichage de publicités peut compléter les revenus mais il faut posséder une énorme clientèle pour en tirer des revenus satisfaisants.

D'autre part, si les taux de croissance sont très rapides, l'apparition de concurrents sur le même créneau l'est tout autant, avec le même rêve d'un essor fulgurant, sans compter les acteurs déjà présents qui peuvent être tentés de proposer un service équivalent...

Par ailleurs, plusieurs grands groupes établis ont manqué le virage des réseaux sociaux et tentent de se rattraper en payant au prix fort les ressources qui leur manquent, avec le risque de les voir s'effondrer au bout de quelques années, à l'image du réseau social Bebo ou de MySpace, en cours de cession pour 50 à 100 millions de dollars alors qu'il avait été acheté par News Corp. en 2005 pour près de 600 millions de dollars.

Source : Financial Times